Solidarité Farès, Sofiane et Tarek s?entraident face à tous les dangers. C?est le klaxon d?un camion qui réveille Tarek. Le petit garçon ouvre les yeux, étonné de se trouver dans la rue. Cela fait deux jours, depuis sa fugue, qu?il dort à la belle étoile près de la porte d?un immeuble que les locataires prennent soin de fermer dès la tombée de la nuit. Tarek se lève lentement et s?étire. Il a tout juste neuf ans et il a l?impression d?être déjà adulte. Près de lui, les jumeaux Farès et Sofiane dorment encore sur de vieilles hardes ramassées on ne sait où. Rex, couché à leurs pieds, semble monter la garde, bien qu?il dorme lui aussi, la gueule entre les pattes. ? Allez, réveillez-vous ! leur crie-t-il. Les trois enfants roulent leurs couvertures trouées et les cachent dans un vieux carton, puis ils prennent la route. Le soleil est doux par cette matinée de printemps et Tarek se met à siffler gaiement. Rex trottine près de ses petits maîtres. Arrivés devant le café de la gare, Sofiane, habitué à mendier depuis quatre mois, période où il a dû quitter la maison paternelle avec son frère, mis à la porte par leur belle-mère, entre dans le café et se dirige vers le comptoir. Les autres attendent dehors et Farès retient difficilement le chien-loup qui veut suivre son frère. Les gens les dévisagent avec curiosité, mais personne ne leur donne de pièce. ? C?est encore toi ? bougonne le serveur.. Que veux-tu ? ? Donne-moi trois brioches, répond Sofiane sans baisser les yeux, sachant par expérience que seule l?effronterie est payante. L?autre le regarde, jette un coup d??il vers la porte où attendent les autres petits et, pour se débarrasser de ces clients indésirables, il pousse devant Sofiane trois croissants chauds en disant : ? ça suffit, maintenant et ne revenez plus ! ? Encore un pour le chien ! ose-t-il quémander. ? Allez file, sinon tu vas voir ! ? Tiens, dit un client attablé au comptoir, voici un croissant pour ton chien. Et Sofiane, tenant son butin des deux mains, l?air triomphant, sort du café. Tout en mangeant, ils se dirigent vers la plage. Rex, la queue frétillante, les devance et se met à courir sur le sable. C?est là que les trois enfants passent toute la journée à jouer et à se vautrer de tout leur long, heureux et insouciants. ? On va chez la vieille ? demande Farès, que son estomac commence à tirailler. Les deux autres éclatent de rire. Tarek fait une pirouette et répète : ?On va chez la vieille, on va chez la vieille !... (à suivre...)