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Ainsi va la vie
La trahison d?une mère (2e partie)
Publié dans Info Soir le 20 - 02 - 2004

Résumé de la 1re partie Après une journée printanière à la plage, les trois enfants, qui ont faim, décident d?aller voir «la vieille».
Ils montent en silence les escaliers du bloc et quand ils arrivent au premier étage, Sofiane frappe quelques coups légers à une porte à la peinture écaillée. Il jette un coup d??il vers son chien qui, attiré par le regard de son maître, frotte son museau contre le battant comme prêt à bondir à l?intérieur aussitôt la porte ouverte.
? Couché, ordonne Sofiane.
Couché ! Le chien baisse la tête et se couche à ses pieds.
? Qui est-ce ? demande une petite voix derrière la porte.
? C?est nous !... c?est moi, Sofiane, khalti !
La clé tourne et la tête d?une petite fille apparaît.
? Maman, ce sont les garçons !
Une jeune femme ouvre la porte et les regarde avec un petit sourire.
? Encore vous ? vous ne rentrez donc jamais chez vous ? Vous avez faim hein ?... Attendez, je reviens !
Elle referme la porte et les enfants, assis dans l?escalier, attendent sagement. Au bout d?un moment, la jeune femme revient et remet à chacun un casse-croûte.
? Hum ! C?est bon ! Regarde : de la viande et du fromage !
Tout en croquant leur casse-croûte à pleines dents, ils repartent vers la plage. Ils y trouvent d?autres garçons plus âgés qu?eux mais, grâce à Rex qui découvre ses canines en grondant, ils reprennent leur place à l?ombre, le long du mur.
La nuit est tombée quand ils retournent vers leur nid provisoire, croisant deux autres enfants de la rue assis sur un trottoir, juste près d?un croisement où un agent de police régule la circulation encore dense.
Le plus âgé, qui n?a guère plus de dix ans, visiblement handicapé à voir son pied bot, tient sur ses genoux la tête de son petit frère, profondément endormi. Ce dernier semble âgé de cinq à six ans environ. Les passants, habitués à ces scènes, les regardent à peine et continuent leur chemin, indifférents.
Tarek tend au petit un reste de son casse-croûte qu?il avait gardé dans sa poche. L?enfant avec un regard vide, le prend et y mord goulûment.
Les trois petits se préparent pour la nuit quand ils voient arriver un homme de grande taille, bien mis, qui porte un costume clair. Ses cheveux coupés très court lui donnent un air sévère.
Il avance en souriant :
? Bonsoir les petits ! Alors comme ça vous dormez ici, dans la rue ?
Il regarde Tarek avec insistance et lui demande :
? Comment t?appelles-tu ?
? Qu?est-ce ça peut te faire ? Dégage ! Allez !
Les deux jumeaux, du haut de leurs onze années, se sont interposés entre leur ami et l?inconnu. Rex, à leur côté, aboie et gronde.
L?inconnu recule d?un pas, et reste d?abord silencieux puis il fait demi-tour proférant d?horribles jurons. Les jumeaux retournent vers leur couche.
? On est là, Tarek ! Personne ne t?embêtera, n?aie pas peur ! Et on a Rex !
? Bon chien ! dit Tarek en caressant l?animal.
Mais brusquement ils entendent le frein d?un véhicule derrière le bloc. Des portières claquent et deux policiers en civil, accompagnés d?une femme, apparaissent devant eux.
? Salut, les enfants dit le plus vieux, allez, debout ! On vous emmène au commissariat ... Allez !
Les trois enfants, en bougonnant, se lèvent de mauvaise grâce.
? Je ne veux pas retourner chez moi, crie soudain Tarek qui réalise qu?il va devoir affronter à nouveau l?enfer de sa maison.
La jeune femme s?interpose et dit doucement, en caressant la tête du petit garçon :
? Ecoute, vous êtes en danger dans la rue. Vous ne pouvez rester ici, et puis il faut que vous alliez à l?école, comme les enfants de votre âge. Tu ne voudrais pas aller à l?école, hein ? Tarek, vaincu, ne dit rien. Ses deux amis le suivent. (à suivre...)


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