Arguments n Pour Zerhouni, l'islamophobie est fondée sur une vision radicaliste qui méconnaît totalement l'islam. Interrogé sur l'interdiction par voie référendaire de la construction des minarets en Suisse et sur le débat sur l'identité qui et en cours en France, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales a répondu : «Je suis préoccupé par les effets de ce genre de dérives qui peuvent alimenter les arguments d'extrémistes qui se référent à la religion musulmane.» Il a ajouté : «Nous risquons d'assister au développement d'une islamophobie qui est stimulée par des radicalismes religieux ou politiques. Il est clair que des comportements d'intégristes et extrémistes qui se développent dans les sociétés chrétiennes et parmi les sociétés juives créent des ressentiments chez nos sociétés musulmanes». Pour Noureddine Yazid Zerhouni, qui intervenait ce matin sur les ondes de la chaîne III, «un intégrisme encourage l'intégrisme adverse». Et l'islamophobie à laquelle on assiste en Occident «risque de compliquer la lutte contre le terrorisme». Pour Zerhouni, l'islamophobie est fondée sur une vision radicaliste qui méconnaît totalement l'islam. «Dire que l'islam est antinomique de la démocratie, de la tolérance ou de l'épanouissement de la femme, ce sont des concepts en contradiction réelle avec l'essence même de l'islam», a affirmé le ministre de l'Intérieur. Rappelant que l'islam est la première religion qui a parlé du respect des autres religions monothéistes, il a évoqué la fameuse règle du respect de Ahl Al Kitab (respect des gens du livre), introduite pour la première fois dès le VIIe siècle. «L'islam était en réalité précurseur de tous les principes de tolérance, du respect de l'autre et de la cohabitation des religions.» Par ailleurs, le ministre de l'Intérieur a déclaré que la lutte contre la matrice idéologique du terrorisme et ses ramifications est l'objectif de l'Algérie qui a pris part à Venise le 23 novembre, à la 14e session des 5+5. Une réunion au cours de laquelle, il a été question d'aborder quatre principaux points : la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée, la circulation des personnes, la coopération locale ainsi que celle entre les protections civiles. La principale préoccupation de l'Algérie lors de ce forum était centrée sur les deux premiers points. Zerhouni s'est félicité de la bonne coordination, ces dernières années, entre les 5+5 dans la lutte de caractère policier et sécuritaire contre le terrorisme. «La lutte contre le terrorisme ne se fait pas uniquement par les moyens sécuritaires, il y a tout d'abord les environnements économiques, sociaux et aussi intellectuels», a-t-il indiqué. Au plan interne, l'Etat fournit des efforts considérables pour enlever de l'esprit des citoyens les fausses idées reçues sur l'islam. «Pendant longtemps le terrorisme prétendait se référer à l'islam, et voulait utiliser la religion pour justifier ses actions, donc il était important d'expliquer à notre société et à nos enfants en particulier, qu'il y a un certain nombre de concepts qui n'ont rien à voir avec l'islam et que le terrorisme n'a rien à voir avec l'islam», a expliqué Zerhouni.