Les plus chanceux survivent avec un pénis mutilé, les autres meurent. Tel est le prix à payer pour une poignée de garçons sud-africains désireux de devenir des hommes aux mains de chirurgiens traditionnels peu scrupuleux. Deux fois par an, l'éthnie Xhosa dans la province pauvre de l'Eastern Cape (sud) organise des cérémonies d'initiation. Plus de 200 garçons sont morts ces 15 dernières années et 90 ont perdu leur pénis dans des écoles d'initiation illégales, selon les autorités médicales. Si rien n'est fait, cette tendance devrait s'accentuer car l'Afrique du Sud commence à encourager la circoncision afin de limiter les risques de propagation du sida. Le défi aujourd'hui : réconcilier les pratiques traditionnelles avec la médecine moderne et la loi. Les autorités tentent d'inculquer une hygiène de base à ces praticiens informels dont «l'art» est transmis de génération en génération. Les décès dans l'Eastern Cape sont dus à ces chirurgiens qui ne stérilisent pas les couteaux ou ciseaux et «ne savent pas couper le prépuce et prendre soin des jeunes après», en particulier dans les zones rurales, selon les médecins. Les garçons sont envoyés à l'hôpital quand il est trop tard (...) La majorité de ceux qui ont leur pénis amputé finissent par se suicider. Ils ne peuvent vivre avec cette honte, expliquent-ils. Les autres se réfugient dans le silence. L'Afrique du Sud a voté une loi en 2001 fixant l'âge légal de la circoncision à 18 ans mais les plus jeunes souhaitant prouver leur masculinité, parfois dès l'âge de 15 ans, font appel à ces chirurgiens traditionnels, non reconnus par les autorités.