Parcours n Connu pour être une force artistique et créatrice, Slim s'est imposé comme un artiste de talent, pétri d'imagination et d'humour. Il est considéré comme étant une référence en matière de bande dessinée algérienne. Cela, il le doit à ses célèbres et fétiches personnages : Bouzid, Zina, Mezian et el-Gatt. C'est en 1969 que Slim fait paraître ses premiers dessins et connaître ses héros devenus légendaires. Que devient aujourd'hui Slim et que reste-t-il de la saga Bouzid ? Contrairement à d'autres bédéistes de sa génération, tels que Maz et Aram, qui, malheureusement, n'ont pas survécu à leur art, Slim a pu survivre au temps et, malgré les difficultés et crises rencontrées sur son chemin, il a traversé les générations. L'on parle ainsi de Bouzidisme - ou alors de bouzidmania. Car il est question d'un monde où vivent et évoluent des personnages inspirés du vécu. «J'ai quarante années de bouzidisme», dira Slim, et d'ajouter : «Bouzid, en 2009, n'a pas changé et il ne changera pas, c'est une icône.» «J'ai fait revenir Bouzid parce qu'il y a toute une génération qui ne le connaît pas», fait-il savoir, et de souligner : «Bouzid, en 2009, a fait surface, parce qu'il était dans le coma tout comme l'Algérie qui, ces dernières années, sort d'une décennie noire. Il revient tout doucement, mais sûrement.» S'exprimant sur le rapport qu'entretiennent Bouzid et Zina, depuis quarante années et la question de savoir, pourquoi ils ne se sont pas mariés, Slim dira : «Les héros de bande dessinée ne se marient pas», et d'enchaîner : «pourquoi se marier puisqu'on peut vivre ensemble dans la bd. Je les ai ainsi fait évoluer.» Interrogé sur la bande dessinée algérienne, Slim dira qu'il a de l'amertume. «Mon sentiment, regrette-t-il, c'est que je suis déçu, parce que l'Algérie n'a pas tellement cru en la bd. Il y a eu des gens qui ont occupé des postes importants et ont saboté les initiatives. Ils n'ont pas voulu, je ne sais pour quelles raisons, suivre et soutenir la création.» Et de reprendre : «Je me souviens qu'il y avait eu, en 1969, une commission chargée de créer des programmes d'éducation nationale spéciaux en direction des élèves. Elle m'avait sollicité pour apporter ma contribution. Mais le projet n'a pas abouti.» Slim, pour qui l'intégration de la bande dessinée dans l'enseignement scolaire s'avère, à coup sûr, essentielle à l'épanouissement de la psychologie de l'enfant et à son développement intellectuel, déplore amèrement que «des esprits rétrogrades aient bloqué et stoppé net la création.» «Des amis, se souvient Slim, ont fait, en 1986, un film sur moi, mais des gens à la télévision ont refusé de le passer», et d'enchaîner : «Il a fallu attendre les émeutes de 1988 pour que le film passe à la télévision. Je suis un peu aigri parce qu'il y a eu plein de ratages, et c'est dommage. Parce qu'on avait des potentialités, on aurait pu devenir la Belgique du monde arabe et de l'Afrique. On a raté le train. Et voilà, maintenant, on est en train de revoir ce qu'on pourrait faire avec ce qui reste.» Slim, 64 ans, revient avec un nouvel album étoffé et drôle, qui a pour titre Walou à l'horizon. Il nous fait découvrir l'univers hilarant de Bouzid et de ses compagnons : zina, Meziane et el-Gatt. En fait, l'album remonte à 2003. Il a été réédité, cette année, à l'occasion de la deuxième édition du Festival international de la bande dessinée (du 14 au 18 octobre 2009) par les éditions Dalimen. Initialement et partiellement publiée dans le quotidien algérien L'Expression sous le titre Bouzid en l'an 2000, c'est la dernière aventure en titre de notre héros. Mais Slim, qui est l'auteur d'une quinzaine d'albums, est sur un autre projet d'album, sur de nouvelles aventures de Bouzid : Bouzid et le coup de l'éventail, dont l'histoire se déroule au temps de l'occupation ottomane en Algérie.