Film n Un documentaire sur le bédéiste Slim a été projeté, hier, à la salle Ibn Zeydoun, à Riad-El-Feth. Le documentaire, réalisé par Djillali Beskri, revient sur la vie de l'artiste ainsi que sur sa carrière. Dans le documentaire à la fois émouvant et sympathique, Hicham, plus connu sous le nom de Hic (dessinateur de presse au quotidien El Watan), dira : «Slim, on ne peut que l'associer au dessin.» Et d'ajouter : «On lui attribue la paternité de la bande dessinée algérienne à laquelle il a donné une notoriété internationale. Il est productif.» Slim est connu en tant que bédéiste en Algérie, notamment à travers ses illustres personnages : Zina, la citadine voilée, Bouzid, le campagnard rustre, Meziane, l'instituteur et El-gat, le chat noir. «Ce sont des personnages célèbres qui sont devenus des icônes», dira Hicham. Et de reprendre : «Slim est un connaisseur. Il connaît son métier. C'est un professionnel. Sa force réside et dans le dessin et dans le texte.» Hicham a, ensuite, fait savoir que Slim est une référence : «J'ai été influencé par Slim. Quand on se met à dessiner, on commence systématiquement par copier et recopier les personnages qu'on a sous la main. L'influence y est manifeste.» Et de dire : «Il y a un point de jonction entre l'ancienne et la nouvelle génération : eux ont été formés pour la B.D. et se sont reconvertis – ils étaient forcés parce qu'il n'y avait pas de support de la B.D. – pour des raisons presque élémentaires au dessin de presse. Nous, c'est l'inverse, nous sommes venus avec la presse indépendante. Un jour, on découvre qu'on a une histoire à raconter, il se trouve qu'on ne peut la raconter qu'à travers un dessin de presse, donc on pense à faire une B.D et c'est là qu'on se croise. C'est un complément.» Slim représente non seulement un art, mais surtout une force artistique. Ainsi, la force de Slim ne réside pas seulement dans la composition de son œuvre, mais on la retrouve également dans le contenu des histoires qu'il raconte, et ce, depuis 1969, c'est-à-dire depuis quarante années. Slim est un artiste à l'écoute de sa société, c'est un observateur. Ce qu'il entend et ce qu'il voit, il les retranscrit dans ses histoires de Bouzid et de Zina. «Il a raconté et illustré l'Algérie des années 1970 et 1980 (et un peu le début des années 1990)», dira le narrateur. Et de poursuivre : «Slim est représentatif d'une génération.» S'exprimant sur ses dessins, Slim, qui fait des dessins simples, a dit : «Je fais de l'art, je crée, je ne suis pas un historien.» Il se trouve cependant que l'artiste a, malgré lui, créé des personnages historiques, et ces personnages que croque Slim sont le type même de l'Algérien. A noter que ce documentaire, qui a pour titre Slim, est la continuité du Festival international de la bande dessinée qui a eu lieu du 14 au 18 octobre. n Interrogé en marge de la projection, Hicham dira : «On ne pouvait pas faire un documentaire sur un autre dessinateur algérien, à part Slim, parce qu'il est le plus représentatif et qu'il a traversé quarante années. Il est toujours aussi productif.» «Enfin on pense à faire des documentaires sur des gens de leur vivant, on n'attend pas leur mort pour leur rendre un hommage posthume», a-t-il conclu. Pour sa part, le réalisateur, Djilali Beskri, a déclaré : «Le sujet est à la fois lourd de sens et grave dans sa portée, il est aussi ponctué de quelques points d'humour.» Et de poursuivre : «Le plus dur dans le tournage, c'était comment aborder Slim, parce qu'il est caractériel, ce n'était pas évident, il fallait trouver un moyen pour le rendre coopérant, le seul moyen, c'était alors de lui faire oublier qu'il y avait une caméra. J'ai même filmé à son insu, et en discutant, les choses venaient toutes seules.»