Résumé de la 3e partie n Alors qu'un petit baron arrache une branche de saule pour en faire une flûte, sa sœur se révolte et raconte toute l'histoire de cet arbre à son précepteur... La pauvre vieille ! Elle a bien du mal à marcher ! dit-il. «Et, avant que ma mère s'en fût rendu compte, il était en bas, à la porte. Ainsi, lui, le vieux seigneur octogénaire, sortait pour épargner quelques pas à la vieille et lui remettre ses shillings. Ce n'est qu'un simple trait, mais comme l'aumône à la veuve, il va droit au cœur et le fait vibrer. C'est ce but que devraient poursuivre les poètes de notre temps : pourquoi ne chantent-ils pas ce qui est bon et doux, ce qui réconcilie ?» Mais il est vrai qu'il y a un autre genre de nobles. — Cela sent la roture, ici ! disent-ils aux bourgeois. «Ces nobles-là, oui, ce sont de faux nobles, et l'on ne peut qu'applaudir ceux qui les raillent dans leurs satires.» Ainsi parla le précepteur. C'était un peu long, mais l'enfant avait aussi eu le temps de tailler sa flûte. Il y avait grande réunion au château : hôtes venus de la capitale ou des environs, dames vêtues avec goût ou sans goût. La grande salle était pleine d'invités. Le fils du pasteur se tenait modestement dans un coin. On allait donner un grand concert. Le petit baron avait apporté sa flûte de saule, mais il ne savait pas souffler dedans, ni son père non plus. Il y eut de la musique et du chant. S'y intéressèrent surtout ceux qui exécutèrent. C'était bien assez, du reste. — Mais vous êtes aussi un virtuose ! dit au précepteur un des invités. Vous jouez de la flûte. Vous nous jouerez bien quelque chose ? En même temps, il tendit au précepteur la petite flûte taillée près de l'abreuvoir. Puis, il annonça très haut et très distinctement que le précepteur du château allait exécuter un morceau sur la flûte. Le précepteur, comprenant qu'on allait se moquer de lui, ne voulait pas jouer, bien qu'il sût. Or, on le pressa, on le força... Il finit enfin par prendre la flûte et la porter à sa bouche. Le merveilleux instrument ! Il émit un son strident comme celui d'une locomotive : on l'entendit dans tout le château et par-delà la forêt. En même temps, s'élevait une tempête de vent qui sifflait : — Chacun à sa place ! Le maître de la maison, comme enlevé par le vent, fut transporté à l'étable. Le bouvier fut emmené, non dans la grande salle, mais à l'office, au milieu des laquais en livrée d'argent. Ces messieurs furent scandalisés de voir cet intrus s'asseoir à leur table ! Dans la grande salle, la petite baronne s'envola à la place d'honneur, où elle était digne de s'asseoir. Le fils du pasteur prit place près d'elle ; tous deux semblaient être deux mariés. Un vieux comte, de la plus ancienne noblesse du pays, fut maintenu à sa place, car la flûte était juste, comme on doit l'être. L'aimable cavalier à qui l'on devait ce jeu de flûte, celui qui était fils de son père, alla droit au poulailler. La terrible flûte ! Mais, fort heureusement, elle se brisa, et c'en fut fini du «Chacun à sa place !» Le jour suivant, on ne parlait plus de tout ce dérangement. Il ne resta qu'une expression proverbiale : «Ramasser la flûte» . Tout était rentré dans l'ancien ordre. Seuls, les deux portraits de la gardeuse d'oies et du colporteur pendaient maintenant dans la grande salle, où le vent les avait emportés. Un connaisseur ayant dit qu'ils étaient peints de main de maître, on les restaura. «Chacun et chaque chose à sa place !» On y vient toujours. L'éternité est longue, plus longue que cette histoire.