Résumé de la 60e partie n Sheila avoue à Colin qu'elle a pris la montre à cause du nom «Rosemary», qui est aussi le sien… Elle me voyait incrédule, mais n'en démordait pas. — Je vous l'ai dit : j'étais affolée ! Ainsi, telle était celle que j'avais choisie, celle que je désirais pour toujours auprès de moi : ma Sheila ! Aucune illusion à se faire : c'était une menteuse et sans doute le serait-elle toujours. C'était sa manière de lutter dans la vie, de mentir comme on respire. Arme d'enfant dont elle se servait encore. Nous avons tous nos défauts ; moi, j'en avais d'autres et de solides aussi. Je me décidai à l'attaque, seule tactique possible. — Elle était à vous cette montre ? Elle vous appartenait ? Elle s'étranglait : — Qui vous l'a dit ? — Allons, videz votre sac. Alors, en un récit confus, elle me dévida son histoire. Un matin, une semaine environ avant le crime, elle avait pris son réveil pour le porter à réparer chez un horloger voisin du bureau. Mais elle avait dû l'oublier, dans l'autobus peut-être ou au milk-bar où elle était allée prendre un sandwich. Elle ne s'en était pas beaucoup souciée : ce n'était pas une grande perte : le réveil étant vieux et ne marchant plus très bien. Mieux valait s'en procurer un autre. — Et puis, juste comme je venais de découvrir ce cadavre, là, planté devant moi, sur une table, près de la cheminée.., que vois-je : mon réveil ; et j'avais les doigts pleins de sang... et puis la voilà qui arrive... J'ai perdu la tête... j'avais tellement peur qu'elle lui marche dessus. Oubliant tout, je me suis enfuie. Et, un peu plus tard, réfléchissant à tout cela, je me suis rappelé que miss Pebmarsh avait dit que ce n'était pas elle qui m'avait demandée au téléphone... Alors, qui ? Qui m'avait fait venir ? Qui avait déposé ma montre là-bas ?... J'ai donc inventé cette histoire de gants... et je l'ai glissée dans mon sac. C'était idiot, n'est-ce pas ? — Complètement idiot, Sheila. Pour certaines choses, vous manquez totalement de bon sens. — Mais on essaye d'attirer sur moi les soupçons. Tenez, cette carte postale. Celui qui me l'a envoyée doit savoir que c'est moi qui ai pris la montre. Voyez ce qu'elle représente : Old Bailey. Au fond, mon père était peut-être un assassin ? — Que savez-vous de vos parents ? — Qu'ils sont morts tous les deux accidentellement. Du moins, ma tante me l'a toujours répété , mais sans jamais me raconter quoi que ce soit sur eux. Une ou deux fois même, elle s'est contredite dans ses souvenirs. C'est pourquoi j'ai toujours su qu'il y avait quelque chose de trouble. — Et, là-dessus, votre imagination s'est emballée ? Mais ça pourrait être beaucoup plus simple que ça : vous pourriez être une enfant naturelle, par exemple. — J'y ai également pensé. Tant de gens tiennent à le dissimuler à leurs enfants. Absurde ! Ils feraient mieux de leur avouer la vérité. De nos jours ça a moins d'importance. Mais le drame, voyez-vous, c'est de ne pas comprendre le pourquoi de tout cela. Pourquoi est-ce que je m'appelle Rosemary ? Ça signifie «réminiscence», je crois ? (à suivre...)