Résumé de la 1re partie n La loi sur la prohibition entraîne une flambée de violence donnant naissance à Al Capone et consorts. Al Capone, de son nom exact Alphonsus Capone, n'est pas, à la différence de la plupart des membres du gang, un émigrant de la première génération. Né le 17 janvier 1899 à New York, de parents originaires de Naples, il quitte l'école à quatorze ans pour avoir frappé un professeur. Dès lors, obligé de gagner sa vie, il rend divers services à un de ses voisins, qui l'a pris en affection, Johnny Torrio. Ce dernier contrôle la loterie du quartier italien de New York, ainsi que diverses maisons closes et boîtes de nuit. Il l'engage comme videur dans l'une d'elles. Au cours d'une dispute avec un client, Al Capone reçoit un coup de rasoir, qui lui vaudra le surnom de «Scarface», «Balafré». En 1918, il épouse, par un curieux paradoxe, une Irlandaise du nom de Mary Coughlin. Sans qu'on connaisse ses activités avec certitude, on pense qu'il avait déja commis au moins deux meurtres, avant que Johnny Torrio l'appelle à Chicago, fin 1920. Celui-ci, qui s'était installé depuis un moment dans la ville, s'est lancé dans le trafic d'alcool en même temps qu'O'Banion au moment où la place était entièrement libre. Et quand Al Capone rejoint Torrio, il est lui aussi à la tête d'un empire. Durant la seule année 1920, Johnny Torrio réalise un bénéfice de 10 millions de dollars grâce à la bière, au whisky, au jeu et à la prostitution. Son gang compte entre sept cents et huit cents hommes, Al Capone commence tout en bas de l'échelle, comme rabatteur à l'entrée d'une maison close, mais il fait preuve de tant qualités qu'en quelques mois il devient le bras droit du boss. Physiquement, il n'a pourtant rien d'impressionnant. Il est du genre adipeux, avec un visage mou, des lèvres épaisses, des yeux globuleux et ternes. Il paraît plus que son âge, presque la quarantaine alors qu'il a juste un peu plus de vingt ans. L'écrivain argentin Jorge Luis Borges parlera de lui comme du «flasque et ambigu Capone». Et pourtant, c'est cet homme en apparence insignifiant qui va devenir la terreur de Chicago et le symbole du banditisme, non seulement aux Etats-Unis, mais dans le monde entier. C'est le camp d'O'Banion qui déclenche les hostilités. L'Irlandais ne se satisfait pas des accords qui ont été passés lors des conférences au sein de la pègre. Il attaque les camions transportant les cargaisons de ses concurrents et, pour un oui ou pour un non, fait parler les autres. La ville retentit de rafales de mitraillettes que la presse surnomme, par allusion au paisible instrument d'Hawaii, les «nouveaux ukulélés». Trente-sept gangsters sont tués en 1922, cinquante-sept en 1923... et 1924 s'annonce pire encore ! O'Banion multiplie les provocations. Il assassine lui-même, en plein théâtre, Dave Miller, un politicien marron au service de Johnny Torrio. Il vole au même Torrio un wagon entier de whisky canadien et fait vider entièrement par ses hommes un entrepôt lui appartenant et contenant 1 million de dollars d'alcool. Mais c'est l'affaire de la brasserie Sieben, dont Al Capone est personnellement le directeur, qui va déclencher l'affrontement… La brasserie Sieben est un cas à part. Située à la limite des deux territoires, elle appartient pour moitié à Johnny Torrio et pour l'autre à O'Banion. Ce dernier apprend par ses informateurs dans la police que le FBI a prévu d'y faire une descente le 19 mai. Il propose alors à Johnny Torrio de lui vendre ses parts de l'établissement pour un demi-million de dollars. Torrio accepte et O'Banion a eu le culot de lui proposer de fêter leur accord sur place, au jour et à l'heure de la descente de police. (à suivre...)