Résumé de la 134e partie n Les religions monothéistes – judaïsme, christianisme et islam – condamnent la réincarnation. Si la croyance en la réincarnation était répandue dans l'antiquité, il faut signaler que certains systèmes philosophiques et religieux lui étaient opposés. C'est le cas de l'hermétisme, courant apparu au IIIe siècle avant J.-C., et dont devaient s'inspirer les alchimistes du Moyen-âge. «L'âme humaine, qui est d'essence divine, lit-on dans le Corpus hermeticum qui réunit les textes de la doctrine, ne peut revêtir la forme d'un animal.» Ni aucune autre forme. Les religions monothéistes – judaïsme, christianisme et islam – condamnent ce genre de conception : certes, l'âme est immortelle et provient de Dieu, mais elle ne transmigre pas, après la mort, d'un corps à un autre. S'il y a renaissance, après la mort, elle n'aura lieu qu'une seule fois, le jour du Jugement dernier : Dieu attribuera alors à chaque âme la récompense à laquelle elle a droit ou alors il lui réservera le châtiment qu'elle mérite. Cependant, il s'est trouvé, tout au long de l'histoire, des sectes et des hérésies qui ont intégré dans leurs croyances des idées de métempsycose. Dans le christianisme, la principale secte déviante est l'origénisme, dont la fondation est attribuée au philosophe et théologien grec Origène, qui a vécu au IIIe siècle de l'ère chrétienne. Origène s'est signalé par ses idées hérétiques, comme la préexistence des âmes et la réincarnation, qui ont été condamnées par l'Eglise au cours de nombreux conciles. Dans l'islam, les idées de réincarnation, condamnées par toutes les écoles théologiques et juridiques, ne sont défendues que par la petite secte des druzes, population établie essentiellement au sud Liban, mais que l'on retrouve aussi en Syrie et en Galilée, au nord de la Palestine. Cette secte a pour origine une hérésie du calife fatimide (chi'ite) d'Egypte, al-Hakim qui, quelques années avant sa mort, en 1021, a prétendu être une incarnation divine. Les partisans d'al-Hakim, réunis autour de son vizir al-Darazi, ont pris, plus tard, le nom de druzes. C'est Darazi qui va systématiser la nouvelle croyance, construite essentiellement autour de l'adoration de l'imam, qui prend plus d'importance que le Prophète. Mais ses idées, qu'il veut imposer aux sujets du calife, suscitent des troubles et al-Hakim doit le mettre à l'écart. Un Iranien, Hamza ben Ali lui succède : il développe la religion druze, faisant d'al-Hakim une réincarnation de l'Un, c'est à dire de Dieu : Hamza tentera, à son tour, d'imposer le druzisme comme seule religion, mais il se heurte à l'hostilité de la majorité des musulmans aussi bien sunnites que chi'ites. Après la mort d'al-Hakim, les druzes, chassés d'Egypte, se réfugient en Syrie. Ils ne croient pas à la mort de l'imam qui, selon eux, a juste «disparu», pour réapparaître à une date prescrite. Mais d'incarnation divine, il n'en connaîtra plus, ce qui fait que le druzisme se considère comme une religion définitive, la «dernière» révélée à l'humanité. Si les druzes ne croient plus aux incarnations divines, ils croient à celles des individus, qui, après leur mort, peuvent renaître dans d'autres personnages, proches ou éloignés. Dans leurs croyances religieuses et leur culture, elles sont de l'ordre du possible… L'histoire que nous allons raconter s'est justement déroulée chez les druzes du Liban. Elle a été rapportée par le parapsychologue américain Ian Stevenson dans son ouvrage, Twenty Cases Suggestive of Reincarnation. (à suivre...)