Résumé de la 3e partie n L?idée de réincarnation ou transmigration des âmes se retrouve dans de nombreuses cultures anciennes. Mais c?est dans l?hindouisme qu?elle est organisée en système de pensée. Les religions monothéistes de la tradition sémitique, le judaïsme le christianisme et l?islam, condamnent ces croyances : l?âme est individuelle et ne peut, après la vie terrestre, revêtir une autre forme. De plus, Dieu ne peut mettre une âme qu?il a tirée de son souffle dans le corps d?un animal. S?il y a renaissance, après la mort, elle n?aura lieu qu?une seule fois, le jour du Jugement dernier : Dieu attribuera alors à chaque âme la récompense à laquelle elle a droit, ou alors il lui réservera le châtiment qu?elle mérite. Cependant, il s?est trouvé, tout au long de l?histoire, des sectes et des hérésies qui ont intégré dans leurs croyances des idées de métempsycose. Dans le christianisme, la principale secte déviante est l?origénisme dont la fondation est attribuée au philosophe et théologien grec Origène, qui a vécu au troisième siècle de l?ère chrétienne. Origène s?est signalé par ses idées hérétiques, comme la préexistence des âmes ainsi que la réincarnation, qui ont été condamnées par l?église au cours de nombreux conciles. Dans l?islam, les idées de réincarnation, condamnées par toutes les écoles théologiques et juridiques, ne sont défendues que par la petite secte des Druzes, une population établie essentiellement au sud du Liban, mais que l?on retrouve aussi en Syrie et en Galilée, au nord de la Palestine. Cette secte a pour origine une hérésie du calife fatimide (chiite) d?Egypte Al-Hakim qui, quelques années avant sa mort, en 1021, a prétendu être une incarnation divine. Les partisans d?Al-Hakim, réunis autour de son vizir Al-Darazi, ont pris, plus tard, le nom de Druzes. C?est Darazi qui va systématiser la nouvelle croyance, construite essentiellement autour de l?adoration de l?imam, qui prend plus d?importance que le Prophète. Mais ses idées, qu?il veut imposer aux sujets du calife, suscitent des troubles et Al-Hakim doit le mettre à l?écart. Un Iranien, Hamza ben Ali, lui succède : il développe la religion druze, faisant d?Al-Hakim une réincarnation de l?Un, c?est-à-dire de Dieu : Hamza tentera, à son tour, d?imposer le druzisme comme seule religion mais il se heurte à l?hostilité de la majorité des musulmans aussi sunnites que chiites. Après la mort d?Al-Hakim, les Druzes, chassés d?Egypte, se réfugient en Syrie. Ils ne croient pas à la mort de l?imam qui, selon eux, a juste «disparu» pour réapparaître à une date prescrite. Mais incarnation divine, il ne connaîtra plus d?incarnation, ce qui fait que le druzisme se considère comme une religion définitive, la «dernière» révélée à l?humanité. Si les Druzes ne croient plus aux incarnations divines, ils croient à celle des individus qui, après leur mort, peuvent renaître dans d?autres personnages, proches ou éloignés. C?est pourquoi les déclarations du petit Imad, qui laissent sous-entendre qu?il a vécu une vie antérieure, si elles étonnent ses parents, ne les surprend pas outre mesure. Dans leurs croyances religieuses et leur culture, elles font partie de l?ordre du possible? Et si le père du jeune garçon ne se rend pas dans le village de Kornayel, où son fils prétend avoir vécu, pour chercher des indices, c?est parce que la route de montagne par laquelle on y accède est en piteux état. (à suivre...)