Résumé de la 2e partie n Johannès entreprend son tour du monde. La nuit tombée, il se réfugie dans une église et s'endort... A son réveil, au milieu de la nuit, l'orage était passé et la lune brillait à travers les fenêtres. Au milieu de l'église, il y avait à terre une bière ouverte où était couché un mort qui n'était pas encore enterré. Johannès n'avait pas peur, ayant bonne conscience, il savait bien que les morts ne font aucun mal, ce sont les vivants, s'ils sont méchants, qui font du mal. Et justement, deux mauvais garçons bien vivants se tenaient près du mort qui attendait là dans l'église d'être enseveli, ces deux-là lui voulaient du mal, ils voulaient le jeter hors de l'église. — Pourquoi faire cela ? dit Johannès. C'est bas et méchant ! Laissez-le dormir en paix au nom du Christ ! — Tu parles ! répondirent les deux autres. Il nous a roulés : il nous devait de l'argent. Il n'a pas pu payer et, par-dessus le marché, il est mort et nous n'aurons pas un sou. On va se venger, il attendra comme un chien à la porte de l'église ! — Je n'ai que cinquante riksdalers, dit Johannès, c'est tout mon héritage, mais je vous les donnerai volontiers si vous me promettez sur l'honneur de laisser ce pauvre mort en paix. Je me débrouillerai bien sans cet argent, je suis sain et vigoureux, le Bon Dieu me viendra en aide. — Bien ! dirent les deux voyous. Si tu veux payer sa dette nous ne lui ferons rien. Ils empochèrent l'argent de Johannès, riant aux éclats de sa bonté naïve et s'en furent. Johannès replaça le corps dans la bière, lui joignit les mains, lui dit adieu et s'engagea satisfait dans la grande forêt. Tout autour de lui, là où la lune brillait à travers les arbres, il voyait de ravissants petits elfes jouer gaiement. Certains d'entre eux n'étaient pas plus grands qu'un doigt, leurs longs cheveux blonds relevés par des peignes d'or, ils se balançaient deux par deux sur les grosses gouttes d'eau que portaient les feuilles et l'herbe haute. Ce qu'ils s'amusaient ! Ils chantaient et Johannès reconnaissait tous les jolis airs qu'il avait chantés enfant. De grandes araignées bigarrées, une couronne d'argent sur la tête, tissaient d'un buisson à l'autre des ponts suspendus et des palais qui, sous la fine rosée, semblaient faits de cristal scintillant dans le clair de lune. Le jeu dura jusqu'au lever du jour. Alors, les petits elfes se glissèrent dans les fleurs en boutons et le vent emporta les ponts et les bateaux qui volèrent en l'air comme de grandes toiles d'araignées. Johannès était sorti du bois quand une forte voix d'homme cria derrière lui : — Holà ! camarade, où ton voyage te mène-t-il ? — Dans le monde ! répondit Johannès. Je n'ai ni père ni mère. Je suis un pauvre gars, mais le Seigneur me viendra en aide. — Moi aussi je veux voir le monde ! dit l'étranger. Faisons route ensemble ! — Ça va ! dit Johannès. Et les voilà partis. Très vite, ils se prirent en amitié car ils étaient de braves garçons tous les deux. Mais Johannès s'aperçut que l'étranger était bien plus malin que lui, il avait presque fait le tour du monde et savait parler de tout. (à suivre...)