C'est apparemment l'année de l'Algérie, car avec ce que nous avons vécu hier lors du quart de finale qui a opposé les Fennecs aux Eléphants de Côte d'Ivoire, nous sommes bien partis pour vivre des moments d'une extrême intensité, comme ceux vécus à Omdurman lorsque l'équipe algérienne a terrassé les Pharaons d'Egypte, sur le chemin du Mondial-2010 en Afrique du Sud. Mais quel match ! Les Verts de Rabah Saâdane ont démontré encore une fois qu'ils étaient capables du meilleur, voire du must, comme ce fut le cas face à des Ivoiriens pourtant venus en grands favoris pour remporter le trophée continental récompensant la génération des Drogba et autre Kalou. C'est d'ailleurs ce dernier qui trouvera le chemin des filets dès la quatrième minute de jeu, profitant d'un ballon contré et d'une erreur de marquage des défenseurs algériens. Les Eléphants affichent leur supériorité et contiennent les Fennecs dans leur territoire, les empêchant de développer leur jeu et exprimer leur football. Mais les Fennecs sont rusés et peu enclins à accepter cette différence de poids qui ne se mesure que sur une balance, car sur le terrain les Algériens ont non seulement sorti la tête de l'eau, mais ils commencent sérieusement à bousculer leur adversaire pachyderme jusqu'à ce que Karim Matmour, au terme d'un contrôle à l'entrée de la surface, décroche, malgré le retour de deux défenseurs, un tir imparable à sept minutes seulement de la pause. Le gardien Barry n'y verra que du feu. On refait alors le match en seconde mi-temps. Les Ivoiriens sont moins fringants et se remettent à leurs individualités pour s'offrir quelques occasions par l'intermédiaire de Kalou, Gervinho, Drogba et Zokora, mais ce sont les Verts qui monopolisent le ballon, dominent le jeu et donnent des sueurs froides à leurs adversaires. L'Eléphant est surpris, pris de vitesse car le but tourne autour de sa cage. Mais au lieu d'une réalisation algérienne, c'est la Côte d'Ivoire qui double la mise à une minute de la fin par l'intermédiaire du remplaçant Kader Keïta qui signe peut-être le plus beau but du tournoi. Les Eléphants jubilent et se mettent déjà dans la peau de demi-finalistes, alors que les Fennecs, certes abasourdis, regardent d'un œil malin que la montre de l'arbitre Eddy Maillet n'a pas atteint le temps fatidique, de quoi mettre une note de folie dans ce match grâce à une égalisation de Bougherra d'une tête piquée. La tournure des événements prend des allures d'odyssée, surtout qu'au début des prolongations, Bouazza, qui a remplacé l'artiste Meghni, met un autre ballon piqué de la tête qui scelle définitivement l'issue d'une rencontre qui restera longtemps dans l'histoire de la CAN. C'est la première fois depuis 1990, année de leur dernier et unique sacre en Coupe d'Afrique, que les Fennecs atteignent le stade des demi-finales en terrassant cette fois les Eléphants de Côte d'Ivoire et en s'ouvrant les portes d'une réelle possibilité de remporter le trophée. Ils ne cesseront donc pas de nous étonner ces Fennecs, par leur audace, leur force mental et leur niveau toujours en net progrès.