Résumé de la 72e partie n Poirot pense que bavarder avec les voisins peut apporter des éléments nouveaux, une théorie qui ne s'est pas vérifiée pour Hardcastle ... Mais si, mon cher. Par une toute petite phrase d'une inestimable valeur. — Laquelle, dis-je. De qui et où ça ? — Vous l'apprendrez en temps voulu, mon cher. Si l'on trace un cercle autour du 19, Wilbraham Crescent, n'importe qui, à l'intérieur de cette circonférence, aurait pu tuer Mr Curry. Et les plus en vedette, sont ceux qui se trouvaient sur place : miss Pebmarsh, qui avait la possibilité de l'assassiner, avant de sortir, à 13h 35. Ou bien miss Webb, qui pouvait lui avoir donné rendez-vous là-bas et l'avoir tué, avant de se précipiter dehors en criant au secours. — Ah ! dit l'inspecteur, nous en venons au fait. Se tournant vers lui, Poirot continuait : — Au fond, me suis-je dit, ce crime doit être très simple. Ces montres insolites, ces dispositions prises pour qu'on découvre le corps, pour l'instant laissons tout cela de côté. Comme dirait votre immortelle Alice aux Pays des Merveilles, ce ne sont que bateaux, souliers, l'arbre et l'écorce, rois, océans ou bien navets... Un vieil homme a été tué, c'est là l'essentiel. D'où venait-il ? Qu'est-ce qui l'a conduit au 19, Wilbraham Crescent ? A ce sujet, notons une remarque très intéressante d'une des voisines, une Mrs Hemming. En apprenant que le mort n'habitait pas au 19 : «Oh ! s'est-elle écriée. Alors, il n'est venu là que pour se faire tuer ! Que c'est bizarre !» Toute l'histoire se résume à ça : si Mr Curry est venu au 19, c'est pour se faire assassiner. C'est tout. — Moi aussi, j'avais été frappé par cette phrase. — «Petit, petit, petit, viens donc qu'on t'assassine», poursuivit Poirot m'ignorant. Mr Curry est venu et on l'a tué. Mais ce n'est pas tout. II fallait surtout qu'on ne puisse pas l'identifier : il n'avait donc ni portefeuille, ni papiers d'identité, ni aucune marque sur ses vêtements. Et pour s'assurer de cet incognito, un faux état civil s'imposait. Dès le début, j'étais persuadé qu'un jour ou l'autre quelqu'un se présenterait - frère, sœur ou femme - pour l'identifier de façon définitive. «Et ce fut une épouse, une Mrs Rival, dont le nom à lui seul aurait dû éveiller nos soupçons. Dans le Somerset, j'ai séjourné avec des amis dans un village de ce nom - Curry Rivel - avec un «e» au lieu de l'a. C'est dans le subconscient, sans s'en rendre compte, que s'est fait le choix de ces noms : Mr Curry, Mrs Rival. «Jusqu'ici tout se tenait. Mais quelque chose m'intriguait : pourquoi le meurtrier était-il si sûr qu'on n'identifierait pas sa victime ? Cet homme n'avait-il pas de famille ? Mais on a toujours au moins un concierge, des relations d'affaires... «D'où j'en suis venu à me dire que personne ne s'apercevrait de sa disparition, de là à supposer qu'il n'était pas anglais mais seulement de passage dans ce pays. Hypothèse confirmée par le fait que sa prothèse ne correspondait à aucune fiche établie ici. (à suivre...)