Stratégie n Une commission de lutte sera mise en place pour renforcer l'arsenal juridique contre la corruption. Cette commission sera composée de conseillers juridiques (magistrats) placés au niveau de certains ministères et institutions économiques pour s'assurer que l'octroi des marchés publics se déroule dans le strict respect de la loi. C'est ce qu'a déclaré Ahmed Ouyahia hier soir, lors d'une conférence de presse à l'issue de la cérémonie ayant regroupé les chefs des trois partis de l'alliance présidentielle. Evoquant aussi la politique «inefficiente» du gouvernement dans la lute contre la corruption ayant engendré des scandales «volumineux» à l'instar de celui de l'autoroute Est-Ouest et de celui du plus grand groupe public, à savoir Sonatrach, le conférencier n'est pas de cet avis. «Il faut arriver – si nous voulons vivre une lutte contre la corruption – à la vivre dans toutes ses réalités quel que soit le niveau qu'elle a atteint», estime-t-il. A propos de l'affaire des cadres de Sonatrach, l'orateur a réaffirmé les déclarations faites auparavant par d'autres représentants du gouvernement, en l'occurrence le ministre de l'Energie et des Mines et celui de l'Intérieur, qui avaient déclaré que l'affaire est au niveau de la justice qui tranchera. «Il n'est pas de tradition dans tous les pays du monde de juger les gens avant que le juge ne les juge», souligne-t-il. Par ailleurs, Ahmed Ouyahia a défendu la politique salariale du gouvernement qui ne favorise pas l'augmentation des salaires, et ce, malgré l'effervescence du front social qui risque de paralyser les différents secteurs à travers les préavis de grève annoncés çà et là par les représentants des travailleurs. «Qu'il y ait des augmentations de salaires, c'est tout à fait normal (…), mais il ne faut pas qu'on s'illusionne. Je vous signale que l'inflation est déjà à 5,8%», a-t-il déclaré, en qualifiant les mouvements de grève d'«agitations» irresponsables. Ouyahia, qui s'exprime tantôt comme Premier ministre, tantôt comme secrétaire général du RND, n'a pas été tendre avec les initiateurs de ces «agitations». «Je le dis en pesant mes mots. Il y a des batailles que certains ont perdu sur la scène politique et qu'ils ont transférées dans l'espace syndical», constate-t-il. S'agissant de la position du gouvernement par rapport aux mesures sécuritaires que Washington envisage d'appliquer aux Algériens dans le cadre de sa politique antiterroriste, le secrétaire général du RND estime que celles-ci sont exagérées et hasardeuses et ne règlent en rien le problème du terrorisme. «Nous allons débattre de ces mesures», dira-t-il en n'excluant pas le recours au principe de réciprocité.