Ouyahia a annoncé la mise en place d'un observatoire national de lutte contre la corruption d'ici à fin mars. Pour le Premier ministre, la création de cet observatoire, contenue dans la dernière directive du président de la République concernant la lutte contre la corruption, a comme objectif, notamment, d'élaborer des stratégies de lutte contre ce fléau. M. Ouyahia a également annoncé la création d'une commission de lutte contre la corruption qui sera composée de magistrats comme conseillers juridiques placés au niveau de certains ministères et institutions économiques pour s'assurer que l'octroi de marchés publics se déroule dans le strict respect de la loi. Dans le même ordre d'idées, Ouyahia a indiqué que l'arsenal juridique de lutte contre ce fléau sera également renforcé. Il a rappelé, à cette occasion, que le chef de l'Etat a toujours insisté, dans ses différents discours depuis 1999, sur la nécessité de lutter contre le fléau de la corruption et sur la rationalisation des dépenses publiques. «L'Etat n'est pas surpris qu'une lutte contre la corruption soit actuellement menée et ceci n'est pas nouveau», a-t-il martelé, avant de préciser que le ministre de la Justice avait déjà annoncé devant le Parlement que, de 2006 à 2009, plus de 4 000 affaires de corruption ont été traitées par la justice. «La lutte contre la corruption doit être menée en toute sérénité», a estimé Ouyahia. Rappelons aussi que Bouteflika, dans l'un de ses discours, a appelé la presse à l'aider à combattre la corruption, les malversations et le népotisme, sources de tous les maux du pays. La loi algérienne pénalise la corruption mais cela n'a pas découragé les corrompus et les corrupteurs parce qu'en général les coupables se disent, «on va passer quelques années en prison et on en sortira riche». Le renforcement de l'arsenal juridique ne passe-t-il pas par la saisie de tous les biens du corrompu, y compris ceux mis au nom de ses enfants, de sa femme ou de ses parents afin de mettre un terme à cette logique qui favorise la corruption garantissant le gain facile et rapide au détriment du travail honnête au risque de ne jamais s'enrichir ? Au-delà de l'institution de l'observatoire et de la commission de lutte contre la corruption, c'est la justice qui doit être nettoyée de tous les juges ripoux et de la prémunir contre toute velléité de corruption afin qu'elle soit ce temple sacré où seules l'équité et loi seront de rigueur. La presse peut jouer un rôle de sherpa dans le débroussaillage des pistes menant vers les eaux troubles de la corruption. Pour cela, n'est-il pas temps de mettre un terme à cette pratique de tutelle omniprésente qui empêche tout travail journalistique sans son autorisation préalable ? N'est-il pas temps que le droit à l'information soit définitivement consacré par le libre accès des journalistes aux sources et par l'obligation de tous les responsables de fournir tous les documents permettant à la presse de réaliser un travail sérieux d'investigation. Car la lutte contre la corruption est l'affaire de tous. La véritable lutte contre la corruption nécessite, au-delà des discours et des bonnes intentions, l'ouverture d'un système qui évolue en vase clos depuis son avènement. L'opacité est le véritable frein à tout changement salutaire et la vraie couverture qu'exploitent les corrompus et les prédateurs. A. G.