Les anciens Grecs connaissent la légende de Crocus, qui a fourni son nom au safran chez les Grecs et les Romains. Crocus était un jeune et beau mortel qui s'est épris de la nymphe Smilax. Celle-ci a d'abord répondu à ses avances, puis lassée par ses élans, elle a tenté de le repousser, mais elle n'y est pas parvenue. Alors, elle le transforme en fleur de safran, les stigmates flamboyants symbolisant la passion du jeune homme pour la nymphe. Dans une autre version, Crocus était l'ami de Mercure. Un jour, alors qu'il jouait à lancer le disque avec ce dieu, celui-ci a raté son coup et l'a frappé au front, le tuant d'un coup. De son sang, répandu sur le sol, est née la fleur de safran. Signalons que crocus, en grec, signifie «flocons de laine», par allusion aux stigmates décomposés qui se présentent en franges. L'Egypte ancienne accordait également une grande importance au safran, qu'on faisait venir de Babylonie, de Grèce et d'ailleurs. On l'utilisait comme aromate, épice et médicament. On sait que Cléopâtre, la fameuse reine d'Egypte de l'ère ptolémaïque, versait une quantité de safran dans l'eau de son bain. Le safran était censé adoucir sa peau, de plus, elle l'utilisait comme aphrodisiaque quand elle s'apprêtait à recevoir les hommes. Les médecins égyptiens utilisaient le safran pour soigner divers maux comme les maladies de l'intestin. On préparait notamment une mixture à base de graines de fleurs de safran, de coriandre, de myrrhe, de graisse et de morceaux d'une variété d'arbre appelée aager. Cette mixture, appliquée en cataplasme sur tout le corps, servait à arrêter les hémorragies de l'estomac, en expulsant le sang par la bouche ou l'anus.