Si le safran est aujourd'hui une épice courante, elle a été longtemps une épice très chère, voire la plus chère : on le reconnaît à sa saveur amère et à sa couleur jaune, dues à deux de ses constituants, la picrocrocine et la crocine. On croyait que l'épice, qui appartient à l'espèce Crocus sativus, était originaire de l'Asie centrale, mais aujourd'hui on pense qu'elle est originaire de Crête. Il faut signaler, toutefois, que des pigments de safran ont été relevés sur des peintures rupestres irakiennes, datant de 50 000 ans. On sait aussi que les Sumériens ont utilisé les fleurs de safran dans leurs potions médicales, mais ils ne le cultivaient pas : ils le prélevaient sur des fleurs sauvages. Ces exemples montrent qu'on connaissait le safran, sans toutefois l'avoir cultivé. L'ancêtre sauvage de la plante est le Crocus cartwrighianus : après une longue phase de croisement, la plante sauvage a produit, à la fin de l'âge de bronze, l'espèce domestique que l'on connaît. On a retrouvé en Crête, sur l'île de Santorin, une fresque, conservée seulement en partie, représentant deux femmes cueillant des touffes rouges que l'on suppose être du safran. On pense que c'est à partir de la Crête que le safran a atteint les autres pays d'Europe et l'Asie, ainsi que l'Afrique du Nord, l'Amérique du Nord et l'Océanie. Un autre pays du safran est la Perse où la plante aurait déjà été cultivée à Derben et Ispahan vers le Xe siècle avant J.-C. Comme ailleurs, on a utilisé le safran comme aromates, dans les temples, comme parfum et comme médicaments pour soigner différentes maladies.