Lacune n Les campagnes de sensibilisation et de vulgarisation ont fait cruellement défaut. Avec le durcissement des peines et l'introduction de nouvelles pénalités, le nouveau code de la route devait être expliqué de manière explicite afin de faciliter sa mise en application. Hormis quelques campagnes éparses menées dans certaines régions du pays, le contenu de cette nouvelle réglementation reste inconnu pour l'écrasante majorité des usagers de la route (automobilistes et piétons). Il est vrai que nul n'est censé ignorer la loi, mais le mouvement associatif, tout autant que les pouvoirs publics, devaient expliquer ce nouveau code de la route afin de faciliter sa mise en application et éviter des protestations de la part des justiciables. «Du jour au lendemain, on nous sort de nouvelles lois avec de nouvelles pénalités. Je ne sais pas si nous sommes appelés à faire notre travail ou suivre les évolutions sur le plan juridique ! Mais, le pauvre citoyen n'est là, malheureusement, que pour payer des amendes», déplore M. B., chauffeur de taxi à Kouba. Notre interlocuteur n'est pas le seul à ignorer les nouvelles dispositions contenues dans le nouveau code de la route, pourtant adoptées depuis plusieurs mois et publiées dans le journal officiel en juillet 2009. La plus notable des actions de sensibilisation a été lancée le 16 janvier dernier à Rouiba (Alger) par la radio nationale avec les scouts musulmans algériens (SMA). Une campagne axée sur le volet prévention : rappel du nombre de morts causées par les accidents de la route pour persuader les usagers de la nécessité du respect des consignes de sécurité. Le message, le même dans la totalité des campagnes de sensibilisation menées jusque-là, était clair et sans équivoque : le non-respect du code de la route représente une menace pour les vies humaines. Les enfants des SMA appelaient les automobilistes, «les suppliant de ne pas tuer les autres». Une campagne basée sur «des références religieuses afin de faire parvenir au citoyen des informations sur les dangers du terrorisme des routes», selon le commandant, général des SMA, Nourredine Benbraham, des actions similaires éparses menées dans quelques autres villes du pays, avaient le même principe. Ces campagnes ayant jusque-là eu très peu d'échos, rien n'explique l'entêtement du monde associatif et des pouvoirs publics (à travers les médias lourds) à continuer de mener des campagnes sur la base de notions qui ont montré leurs limites. L'absence d'une vision réaliste constitue le principal facteur du non-aboutissement de ces actions. On doit plutôt expliquer aux conducteurs les risques encourus (amendes, emprisonnement, retrait de permis). «Lorsqu'on s'attaque à la poche, les gens commencent à avoir peur. Les discours moralisateurs ne servent à rien. Il faut choquer les gens en les mettant devant des situations réelles et en leur expliquant les risques encourus…», estime Tahar, policier à la retraite. Pour lui, il ne suffit pas de «prier les gens de respecter la loi, puisqu'elle est applicable dans le monde entier sans exception, mais on doit plutôt leur expliquer le contenu de cette loi pour qu'ils évitent de commettre des infractions».