A l'instar des dégâts humains, les accidents de la route font perdre au trésor 100 milliards de dinars annuellement. L'application des sanctions émises dans le code de la route fait encore défaut. Malgré les dispositions du nouveau code de la route, décrété en 2004, le cadre réglementaire souffre d'un vide juridique en matière d'application rigoureuse des sanctions. Un avant-projet de loi portant justement sur l'amendement du code en question sera élaboré. C'est ce qu'a proprement déclaré le directeur général du centre national pour la prévention et la sécurité routière (Cnprs), Boutalbi El- Hachemi, au forum de la Chaîne II jeudi dernier. Selon lui, un groupe de travail chargé de l'étude et de l'identification des lacunes est déjà sur le terrain. Certes, M.Boutalbi reconnaît que le cadre en application est efficace, mais il a insisté sur «la révision de toutes les lois et le renforcement des sanctions pour mettre fin à cette hécatombe qui sévit de plus en plus sur nos routes». Ce dernier est revenu sur les chiffres des accidents de la route enregistrés en 2006. Comparativement au bilan de la Gendarmerie nationale, les statistiques du Cnprs sont plus alarmantes voire inquiétantes. D'après le Cnprs, le nombre d'accidents enregistré est de 40.885 accidents ayant provoqué la mort de 4120 personnes et 60.120 blessés. Ce bilan, explique le directeur, regroupe les accidents enregistrés par la police et la Gendarmerie nationale. En termes de mortalité routière, l'Algérie grimpe les échelons pour se retrouver en première position au niveau des pays arabes et parmi les plus touchés dans le monde. Pour rappel, le dernier bilan de la gendarmerie fait état de 3379 mort et 41.091 blessés. Par rapport à l'année 2005, le nombre d'accidents est monté en flèche: 1652 soit 4,21% et plus de 409 morts, soit 11,02% ainsi qu'une augmentation du nombre de blessés de 2038 soit 3,51%. Le directeur ne s'est pas arrêté là pour dire que 60% des accidents ont été enregistrés au niveau des grandes routes et 40% au niveau des villes. Ce qui démontre que le risque existe partout malgré la présence des agents de l'ordre. Quant aux raisons à l'origine de ce phénomène, le directeur affirme que la dernière enquête fait ressortir que 88,86% des accidents sont dus au facteur humain. Cela traduit bien qu'il y a absence de vigilance et violation du code de la route. Malgré les campagnes de sensibilisation et le retrait effectif du permis, les conducteurs continuent à braver le règlement de la route. Le directeur pense qu'il faut durcir davantage le système de contrôle et de sanction. «S'il y avait une application rigoureuse des sanctions, il n'y aurait pas autant d'accidents» martèle le responsable. Afin de mettre un terme aux récidivistes, un fichier national des infractions sera élaboré, en collaboration avec les compagnies d'assurances, pour lutter contre ceux qui piétinent la loi. L'élaboration de ce fichier va permettre aux autorités concernées de mettre la main sur les chauffards et d'imposer le respect du code. En plus des dispositions, le Centre national compte revoir le système de formation appliqué par les auto-écoles. Afin de mieux sensibiliser les gens sur cette question, des modules de l'éducation seront introduits dans le programme pédagogique. L'invité de la Chaîne II a annoncé la réalisation d'un centre national du permis de conduite qui va durcir l'octroi des permis. Enfin et à l'instar des conséquences tragiques sur le plan humain, M.Boutalbi indique que les accidents de la route accusent des pertes énormes au Trésor public évalués annuellement à 100 milliards de dinars.