Entre sensibilisation et répression, le ministère des Transports a fait le choix de durcir la loi régissant le code de la route. Face à l'hécatombe, les pouvoirs publics n'ont trouvé comme seul moyen de réduire, autant que faire se peut, le nombre terrifiant de morts sur les routes que d'instaurer des mesures extrêmement répressives. Le nouveau code de la route prévoit des sanctions très lourdes, allant de 5 à 10 ans de prison ferme. Toute cette batterie de mesures répressives, contenue dans le nouveau code de la route, suffit-elle pour réduire sensiblement l'ampleur de l'hécatombe ? Pas si sûr, estiment certains observateurs. Une loi n'a de sens que si elle est respectée et surtout si ceux qui sont chargés de la faire appliquer et de la respecter font sérieusement leur travail. Les automobilistes se plaignent de « l'application injuste et inéquitable de la loi ». Pour Me Chorfi, avocat au barreau d'Alger, « le tout-répressif ne suffit pas pour stopper cette spirale ». « On croit régler le problème avec des mesures répressives, alors qu'à côté le travail de sensibilisation qui devrait accompagner toute mesure n'a pas été fait sérieusement », a-t-il estimé. « Le nouveau code de la route est calqué sur le code de la route français, mais nous n'avons pas la même culture et le même niveau de prise de conscience. La rigueur est une bonne chose, cela suffit-il ? Je ne pense pas. Si on n'intègre pas les autres facteurs qui nous permettent d'avoir une vision globale, ça ne sert absolument à rien d'instaurer des lois dures. Pour moi, de toute manière, je suis allergique au tout-répressif », a ajouté Me Chorfi. Face à ce drame causé par les accidents, notre interlocuteur pense que « les pouvoirs publics doivent cerner la problématique dans sa globalité. Le citoyen de son côté doit prendre conscience de la gravité de la situation. Ce n'est qu'avec le concours de tout le monde qu'on pourra réduire les dégâts », a préconisé notre interlocuteur. Le président de l'association des auto-écoles, M. Aoudia, estime que « le ministère des Transports rejette la responsabilité seulement sur les automobilistes et les formateurs sans pour autant se soucier des conditions dans lesquelles les auto-écoles travaillent ». La sensibilisation. C'est le combat que ne cesse de mener depuis les années 1970 le célèbre « policier invisible », Mohamed Laâzouni. Dans un récent entretien avec El Watan, il a déclaré que « ce n'est pas le durcissement des textes qui résoudra le problème. La difficulté est dans la sensibilisation. Le nouveau texte va entrer en application prochainement, a-t-on organisé des débats et des tables rondes pour expliquer la loi aux citoyens ? » Pas du tout, ni campagne d'explication ni sensibilisation sérieuse n'ont été organisées pour faire connaître les dispositions de la nouvelle loi. Un travail de vulgarisation, au préalable, est extrêmement nécessaire. Le Centre national de prévention et de sécurité routière, qui est censé faire ce travail de sensibilisation est quasiment absent. En optant pour le tout-répressif, les pouvoirs publics se contentent de pénaliser seulement le citoyen. La rigueur des textes n'est pas fondamentalement une mauvaise idée, sauf qu'il serait inutile de réprimer si les pouvoirs publics ignorent les autres facteurs qui aggravent le drame des routes.