Dans l'Inde ancienne, le cumin était un produit très utilisé : on en consommait beaucoup et les marchands en proposaient aux clients qui visitaient leur boutique. Dans ce pays, on l'utilisait aussi comme drogue : ainsi, dans les harems royaux, les femmes fumaient les graines de cumin, mélangées à de la cardamome et du clou de girofle, et l'on en mâchait aussi, par habitude. On devait sans doute attribuer au cumin des vertus aphrodisiaques et euphorisantes. A Rome, cette épice était si rare et si coûteuse qu'on désignait des surveillants pour la garder. Les musulmans accordaient une grande importance au cumin. Ils distinguaient également, selon les régions, des variétés de cumin. Ainsi, le meilleur venait de Kirman, dans l'Iran actuel, et les médecins comme les droguistes le qualifiaient de «royal», les cumins du Farîs, de l'Egypte et de Syrie étaient de bonne qualité. Il y avait aussi le cumin du pays de H'abash, l'Abyssinie, que l'on appréciait également. Avant d'être une drogue, le cumin a d'abord été un condiment. Dans la tradition musulmane, le mot kammuniyya désignait divers plats où entrait le cumin. Les sources citent pour la Perse le zîrâba, un mets également composé de cumin (zîra est l'un des noms du cumin en iranien), aujourd'hui, un plat analogue, zirva, désigne un plat de pieds de veau au riz, assaisonné à l'ail, mais sans cumin. Mais son nom indique qu'il a dû en porter autrefois, comme de nombreux autres plats iraniens, réputés pour leurs mélanges d'épices.