Révolte n Les deux familles Yahi et Larak, occupant des cabanons (concédés par l'APC de Bologhine) depuis presque 40 ans à la rue Zemmour-Boumediene, sont menacées d'expulsion, en plein hiver. La première tentative d'expulsion a eu lieu mercredi dernier en présence du vice-président de l'APC de Bologhine et des forces publiques pour enclencher cette opération. Cris et hurlements des habitants, dont certaines femmes ont perdu connaissance, ont interrompu l'intervention. Interrogé hier, l'un des habitants, Nabil Yahi, père de famille, s'interroge : «Quel devenir pour ma famille ? ma femme est enceinte et nous avons déjà un enfant en bas âge. J'ai passé plus d'une trentaine d'années dans cette maisonnette vétuste (sur front de mer), complètement dépourvue de toutes conditions de vie décente … et voilà comment ça se termine ! ». Très tourmentée, sa femme nous dit : «Ma fille est malade à cause de l'humidité du lieu et le comble est que je vais finir dans la rue.» Même si l'opération a été interrompue, les habitants le savent : ce n'est pas fini ! «Le vice-président de l'APC de Bologhine nous a menacés de renouveler l'opération d'expulsion…», nous dit Mme Yahi. Son mari l'interrompt : «Et dire que les forces publiques vont venir me sortir de ce trou ! c'est vraiment une injustice !...». Interrogé, Maître Noureddine Ouznadji, élu depuis 1997, nous a déclaré que l'opération de relogement des familles sinistrées et les enquêtes préliminaires de sélection ont été finalisées en 2003. Il dira également que «la loi stipule que le recensement des familles doit se faire sur les lieux, en tenant compte du phénomène qui existe dans tous les cas et qui s'appelle l'éclatement de familles». Autrement dit, les enquêteurs doivent prendre en considération la situation réelle sur les lieux, ce qui n'a pas été fait, a-t-il regretté. Il rappellera que les enquêteurs en question exercent à l'APC de Bologhine, circonscription administrative de Bab El-Oued. «Le wali d'Alger veut récupérer la façade ‘'front de mer'' de tout Alger y compris Bologhine.» C'est pour cela, dira-t-il, que les autorités locales ont voulu minimiser le nombre des habitants de la région pour faire bénéficier d'autres indus occupants. En gros, Me Ouznadji affirme : «L'enquête a été mal menée et détournée de sa vocation réglementaire pour aboutir à des carences dont souffrent ces personnes.» Nous nous serions bien rapprochés de l'APC de Bologhine pour avoir plus d'explications mais les APC étaient fermées, hier, samedi.