Le squat des 216 logements, non encore achevés du programme APC/CNEP de Gué de Constantine, constitue un véritable casse-tête, aussi bien pour les autorités locales, les vrais bénéficiaires que pour les actuels occupants illégaux. En dépit des décisions d'expulsion individuelles prises par la chambre administrative de la cour d'Alger au courant de l'année 2002, les squatteurs, qui se sont constitués en association, ne sont toujours pas inquiétés. Selon les membres de l'association des bénéficiaires, les services de l'APC n'appuient, toujours pas, les décisions d'expulsion. « La réquisition n'est toujours pas signée pour permettre aux services de sécurité de faire leur travail », indique un membre de cette association. Suite à l'arrêt des travaux de construction intervenu en 1999, pour des problèmes financiers, estime-t-on, les 216 logements ont été occupés par la force à partir de l'été 2001. Selon les dires de ce bénéficiaire, les premiers squatteurs sont venus d'un peu partout de la capitale. Actuellement, « les occupants » des lieux ont acheté les logements en question. « Il y a ceux qui ont acheté en première ou en deuxième et même en troisième main sans aucun document officiel », affirme-t-il. En attendant, les indus occupants continuent d'habiter les lieux et de vivre dans des conditions des plus dramatiques. Les bâtiments ne sont toujours pas achevés, alors que les travaux de réalisation devraient être terminés dans un délai de 36 mois après leur lancement en 1989. 16 ans après, le projet totalisant 750 logements, dont 534 livrés en 1994 et 1999 et non régularisés à ce jour, accuse un grand retard. Le bitumage des rues n'est pas réalisé, ce qui oblige les habitants à marcher dans la boue. Les ordures ménagères s'entassent un peu partout, plongeant la cité dans une laideur repoussante. L'insécurité gagne du terrain au point d'inquiéter déjà les familles, ajoute un membre de l'association. Les logements occupés de force sont cependant connectés au réseau électrique et celui de l'eau potable. Le chargé de communication de l'Algérienne des eaux (ADE) explique que les occupants règlent leurs factures sous « X ». « Ce n'est pas à l'ADE de trancher un litige autour de la possession d'un bien. La facture de l'ADE ne peut en aucun cas servir de justificatif de la propriété du logement », ajoute-t-il. Mais pourquoi les services de la commune ont attendu plus de deux ans pour faire appel à la justice ? Pourquoi des mesures légales n'ont pas été prises dès le début ? « Il y a anguille sous roche. Quand nous avons demandé l'occupation de nos logements en 1999, en acceptant d'engager les travaux intérieurs à nos frais, la chargée du dossier des 750 logements au niveau de l'APC de Gué de Constantine nous a menacés de faire intervenir les services de sécurité. Deux ans plus tard, des étrangers ont investi le chantier sans être inquiétés. Il est clair qu'il s'agit là d'une politique de deux poids, deux mesures », ajoute-t-il. Aujourd'hui, les squatteurs demandent soit une régularisation dans les logements actuels ou alors bénéficier de logements de remplacement. Pour plus d'informations, nos tentatives de joindre le président de l'APC de Gué de Constantine, la chargée de presse de Sonelgaz (El Harrach) et l'association des squatteurs ont été vaines.