Cupidité n Quand sa femme et ses enfants sont absents, il va dans la pièce, soulève la trappe de la fosse et contemple le trésor. Il était une fois deux frères qui, après la mort de leur père, l'ont hérité. Or, le père, qui était avare, avait un trésor, mais il le cachait à ses fils et a toujours vécu dans la misère. C'est ainsi, qu'en mourant, il n'a laissé qu'une maison que les frères se sont partagés. Or, le fils aîné, qui était aussi cupide que son père, avait découvert le trésor, mais au lieu de le partager avec son frère, il l'a gardé pour lui, continuant à vivre dans la pauvreté. Son frère, qui n'était au courant de rien, était encore plus pauvre que lui. Les deux frères qui étaient mariés, avaient des enfants. L'aîné avait cinq garçons et le cadet cinq filles. Le frère aîné privait sa famille de tout : s'il essayait de montrer qu'il avait de l'argent, son frère nourrirait des soupçons et lui demanderait sa part de l'héritage. Il n'a mis au courant ni sa femme ni ses fils de l'héritage qu'il tenait caché dans une fosse qu'il avait emménagée dans une pièce de sa maison. Quand sa femme et ses enfants étaient absents, il allait dans la pièce, soulevait la trappe de la fosse et contemplait le trésor. Il y a des milliers de pièces que l'avare laisse couler entre ses doigts. «Ah, comme je vous aime, mes chères pièces !» Il se délecte du spectacle de l'argent amassé, puis il referme la trappe et retourne à ses affaires. Un jour, il voulut compter le nombre de pièces qu'il avait, mais il y en avait tellement qu'il s'embrouilla dans ses calculs. «Et si je les mesurais ?» Il se rappelle la mesure que possédait son père, un boisseau, qui servait à mesurer les grains. Mais il se rappelle aussi que lors du partage des maigres biens que son père a laissés, ce boisseau a échu à son frère cadet. «Mon cadet ne me le refusera pas !», se dit-il. Il va donc chez son frère cadet. Mais celui-ci est absent. — Il est au champ, dit sa femme. — Qu'à cela ne tienne, je suis venu demander un service ! La femme, qui se méfie de son beau-frère, lui dit tout de suite. — Nous n'avons ni grains ni huile… nous sommes encore plus pauvres que toi ! Le frère aîné sourit. — Ne crains rien, femme de mon frère, je ne suis pas venu te demander de la nourriture ! Elle le regarde, étonnée. — Alors que veux-tu ? — Je veux seulement que tu me prêtes le boisseau que feu mon père a laissé… j'en ai besoin ! C'est au tour de la femme de sourire. — Ce n'est que cela ? je te le prête volontiers. Mais comme il est sous d'autres ustensiles, dans la cuisine, passe tout à l'heure le récupérer. Le frère cadet s'en va. La femme se demande ce que son beau-frère va faire avec un décalitre. Il n'a ni grain ni huile à mesurer. Alors, elle prend le boisseau et colle, au fond, un peu de glu végétale pour savoir ce que son beau-frère mesurera… (à suivre...)