Les marchands arabes ont importé de Chine le clou de girofle et ont contrôlé son commerce au Proche-Orient, Damas et Le Caire étant les principaux ports où la marchandise était vendue. A Alexandrie et Beyrouth, une partie de la marchandise était vendue aux marchands italiens. Les musulmans ont également introduit l'usage du clou de girofle en Andalousie. Mais il faut attendre la découverte des Moluques par les Portugais au XVIe siècle pour que l'usage de l'épice se répande en Europe. Les Hollandais, qui s'emparent de l'île au début du XVIIe siècle, prennent le monopole du commerce du clou de girofle. Pour en contrôler le prix, ils limitent sa culture à l'île Ambroise et détruisent les girofliers des autres îles. Les Français parviennent quand même à obtenir quelques pieds et les plantent dans l'île de France, l'actuelle île Maurice. A partir du XVIIIe siècle, la production du clou de girofle devient plus massive, avec son introduction dans d'autres possessions françaises : l'île Bourbon (la Réunion), la Guyane, la Martinique puis Madagascar. Le clou de girofle a longtemps été, à l'instar d'autres épices, un produit très coûteux. Au XIVe siècle, Dante fait allusion, dans un passage de la Divine comédie (L'Enfer, chant XXIX, vers 124-129), à un certain Niccolo qui aurait introduit le clou de girofle en Italie. Celui-ci, Dante, l'utilisait à la place du charbon pour rôtir les faisans et les chapons ; pour d'autres, il se contentait seulement d'en farcir les volailles. Mais brûler les clous de girofle pour les l'utiliser comme farce était à l'époque le signe d'une richesse extraordinaire. C'est que le prix du clou de girofle était cinq fois plus élevé que celui de la muscade et du poivre, qui étaient eux-mêmes très coûteux !