Malaise n Les élèves des trois cycles se retrouvent dans le flou le plus total. A plusieurs reprises, ils ont été contraints de rebrousser chemin et de retourner à la maison en raison des grèves déclenchées par leurs enseignants. Les cycles moyen et secondaire sont les plus touchés. Des élèves de ces deux cycles qui avaient, rappelons-le, protesté au début de l'année contre le port des blouses ont renoué récemment avec la protestation. Ils ont marché récemment à Alger, Oran et Constantine pour afficher leur crainte quant à l'impossibilité d'achever les programmes et à la pression insupportable à laquelle ils sont soumis. Les enseignants tentent, selon eux, d'accélérer la cadence en dispensant des cours à la va-vite, négligeant les séances d'exercices et d'explication exhaustive des contenus. Ils ont peur à l'approche des examens de fin d'année. Certains parents, aisés, n'ont, d'ailleurs, pas hésité à inscrire leurs enfants dans des écoles privées qui dispensent des cours de soutien scolaire pour leur permettre une meilleure assimilation des programmes. Alors que les autres, l'écrasante majorité incapable de se permettre ce luxe, se contentent de subir une situation catastrophique d'un secteur qui n'a pas connu de stabilité depuis de longues années. On les voit souvent traîner dans la rue où dans les marchés. D'autres préfèrent passer leur temps en jouant au ballon, oubliant même que l'année scolaire n'est pas encore achevée et que des examens décisifs les attendent. C'est le désintérêt total qu'affichent ces élèves quant à leur cursus scolaire. «Le pays est foutu… de quelles études parlez-vous ?», fulmine Walid, élève en troisième année secondaire au lycée Emir-Abdelkader (Bab El-Oued). Walid et ses cinq camarades de classe passent leur temps dans des cybercafés. «L'Internet nous permet au moins de discuter avec des gens de pays développés et oublier les ennuis de ce pays. Les études ne mènent à rien. La preuve : les enseignants et les médecins qui ont passé toute leur vie à étudier vivent dans la misère…», déplorent ces élèves. Les études sont, en effet, devenues le dernier de leurs soucis. Un sentiment de désespoir ronge les élèves abattus par l'instabilité qui mine le secteur de l'éducation nationale. L'absence de sérénité est un facteur déstabilisant pour les apprenants qui ont besoin, selon les spécialistes en pédagogie, d'une certaine discipline pour une bonne assimilation des cours. Aujourd'hui, il est difficile de remédier à ce désintérêt et ce rejet. Un travail énorme doit être fait sur le plan psychologique afin d'inciter ces élèves à reprendre sereinement les cours loin de toute pression relative à l'achèvement des programmes ou aux examens de fin de cycle. Car après les vacances de printemps, il ne restera plus qu'un mois et demi d'études, une période insuffisante pour terminer les programmes. Les élèves des classes d'examen auront besoin de séances d'exercices et de révision.