Défi n Des millions d'Irakiens ont bravé, hier, obus et bombes lors d'un scrutin législatif crucial qualifié de «plutôt transparent» par l'ONU. Selon les premières estimations des responsables locaux, les régions sunnites qui avaient boycotté le scrutin en 2005, ont voté davantage que les provinces chiites. Ainsi 57% des électeurs se sont rendus aux urnes dans la province de Diyala, 63,8% dans la province d'Al-Anbar, 62% à Salaheddine et 65% à Ninive. En revanche, dans les régions chiites le pourcentage varie entre 48% à Wassit et 64% à Mouthanna alors que dans les autres, la participation tourne autour de 55%. Dans la province de Kirkouk que se disputent Arabes et Kurdes, 70% des électeurs ont accompli leur devoir de citoyen. Ce taux de participation est un camouflet pour Al-Qaîda qui avait menacé de mort quiconque participerait à ces élections, les deuxièmes depuis le renversement de Saddam Hussein. Al-Qaîda n'a pas réussi à intimider les régions sunnites, malgré les attentats, contrairement à 2005 où par exemple moins de 1% des électeurs avait voté à Al-Anbar. «Cette journée a montré l'échec du terrorisme et la victoire de la volonté du peuple», a déclaré à la télévision le Premier ministre Nouri al-Maliki. Le représentant spécial de l'ONU en Irak a, lui, qualifié le scrutin de «plutôt transparent». «Les Irakiens ont fait l'histoire et aujourd'hui est une importante étape sur la voie de la réconciliation nationale», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l'Union européenne ont salué «le courage» des Irakiens qui sont allés voter malgré les attentats. «Mais, a prévenu le Président Barack Obama, nous savons que l'Irak va faire face à des jours très difficiles et qu'il y aura probablement plus de violences.» Dès l'ouverture du scrutin, les tirs d'obus de mortier et de roquettes katioucha ont secoué la capitale, survolée par des hélicoptères. Au moins 70 projectiles sont tombés sur les quartiers sunnites. 38 personnes ont été tuées par ces tirs. 25 ont péri dans l'effondrement d'un immeuble à Our, et les autres sont mortes dans la capitale et ses environs. Les violences ont également fait 110 blessés à travers l'Irak. Les explosions ont fait trembler les murs mais pas les Irakiens, habitués, depuis sept an aux attentats. «C'est notre destin. Nous, Irakiens, nous ne connaissons pas notre avenir mais pour nous aujourd'hui les bombes sont des vétilles», assure une enseignante d'anglais présente avec ses deux enfants dans un bureau de vote à Mansour, à Bagdad. «Votez contre Al-Qaîda ! Ils nous ont terrorisés pendant plusieurs années. Maintenant, il faut les chasser car ils font du tort au pays», a lancé dans un bureau de vote un électeur de Fallouja. Environ 19 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes pour désigner les 325 députés pour un mandat de quatre ans durant lequel 96 000 soldats américains quitteront définitivement l'Irak.