La commission électorale devait donner des résultats dans la soirée d'hier à l'issue du dépouillement d'environ 30% des bulletins, deux jours après un vote crucial pour la stabilité du pays. Les Irakiens, qui ont voté en nombre lors des élections législatives, devraient avoir les premières indications dans la soirée d'hier sur les partis qui gouverneront le pays au cours des quatre prochaines années. La commission électorale devait donner des résultats dans la soirée (hier) à l'issue du dépouillement d'environ 30% des bulletins, deux jours après un vote crucial pour la stabilité du pays, salué par la communauté internationale. Lundi la commission a annoncé que le taux de participation était de plus de 62% et confirmé que les provinces sunnites du nord et de l'ouest avaient voté plus que les provinces chiites du sud. La participation est plus faible que celle des élections législatives de 2005, les premières conduites après le renversement de Saddam Hussein par une coalition emmenée par l'armée américaine, qui avait été officiellement de 76%. Ce scrutin avait été largement boycotté par la communauté sunnite, amère d'avoir perdu le pouvoir qu'elle détenait depuis la création de l'Irak en 1920 et en raison également des menaces du réseau d'Al Qaîda. Si de nombreux partis ont déjà clamé leur victoire sur les télévisions locales, des résultats non officiels dans les provinces montrent une avance de l'Alliance de l'Etat de Droit (AED) du Premier ministre Nouri al-Maliki. Selon ces résultats, M.Maliki arriverait en tête dans les neuf provinces chiites du sud. Le Bloc Irakien de l'ex-Premier ministre laïc Iyad Allawi remporterait largement les quatre provinces majoritairement sunnites (Al-Anbar, Salaheddine, Ninive et Diyala).Il y a 119 sièges à pourvoir dans les provinces chiites contre 70 dans les régions sunnites, pour un total de 325 sièges. «Nous sommes en tête dans au moins quatre provinces», a confirmé la porte-parole du Bloc Irakien, Mayssoune Damaloudji, soulignant que la liste de M.Allawi arrivait deuxième ou troisième dans plusieurs autres provinces sans toutefois vouloir donner d'estimations précises. Aucune indication n'a pu être obtenue sur Baghdad, où le plus gros contingent de sièges (70) est à pourvoir. La coalition chiite rivale de celle de M.Maliki, l'Alliance Nationale Irakienne (ANI), qui regroupe le Conseil supérieur islamique d'Irak (CSII d'Ammar al-Hakim) et les partisans du chef radical Moqtada Sadr, arriverait deuxième dans six provinces chiites. Le parti dissident kurde, Goran (Changement), pourrait avoir créé une petite surprise dans la région autonome du Kurdistan, dont la politique est dominée depuis plus de trois décennies par le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani et de l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani. S'il n'a rien obtenu dans la province kurde de Dohouk, bastion du PDK, il aurait en revanche conquis deux sièges à Erbil et six à Souleimaniyeh, ce qui permettrait à Goran de faire son entrée sur la scène politique nationale, selon des résultats partiels et non officiels. Malgré son avance, M.Maliki n'obtiendra pas la majorité des sièges au Parlement lui permettant de pouvoir former un gouvernement mais devra composer avec les autres alliances laïques et chiites, qui ne souhaitent pas le voir à la tête du gouvernement pour un nouveau mandat de quatre ans. Des millions d'Irakiens ont voté dimanche bravant des obus et des bombes qui ont fait 38 morts et infligé un camouflet à Al Qaîda qui avait menacé de mort quiconque participerait au scrutin. La communauté internationale a salué le courage des électeurs irakiens mais le président américain Barack Obama a aussitôt averti que l'Irak connaîtrait encore des jours «très difficiles».