Résumé de la 8e partie n Après la mort de son grand-père, Gilles de Rais décide de se livrer entièrement à ses instincts, de satisfaire cette pulsion de mort qui le hante depuis l'enfance. C'est pourtant un croyant et il n'ignore pas que le crime est puni, mais il croit que Dieu, ainsi qu'on le lui a enseigné, acceptera son repentir. Nous reviendrons plus loin sur cet aspect de sa personnalité. On ne connaît pas le nom de sa première victime, mais il évoquera, au cours de son procès, les circonstances du meurtre. C'est l'un des nombreux adolescents qui gravitaient dans son entourage et qui lui tiennent lieu de pages. Il s'enferme avec lui dans une chambre du château où il a pris soin de faire allumer un grand feu. Le jeune garçon, qui connaît les mœurs de son maître, se laisse faire et le suit sans méfiance sur sa couche. Mais il n'a pas aperçu le poignard que l'homme a glissé sous l'oreiller. Le moment venu, le monstre, d'une main puissante, bâillonne sa victime et de l'autre lui plonge le couteau dans le flanc. Les cris de l'enfant sont étouffés et lentement, il se vide de son sang. Gilles maintient impitoyablement le frêle corps sous son poids, jusqu'au dernier soubresaut. Comme une bête rassasiée, il le lâche enfin. Il se lève, prends la pauvre dépouille et la jette dans le feu. Il restera longtemps à le regarder brûler. Il fera également brûler les draps tachés de sang, pour faire disparaître toute trace de son crime. Seuls quelques complices seront mis au courant de ce qu'il fait : les mêmes hommes, acquis corps et âme au monstre, vont lui servir de rabatteurs. Ce jour-là, Gilles de Rais a découvert sa vocation. Après s'être cherché pendant de nombreuses années, sur les champs de bataille, il a découvert que la seule façon pour lui de vivre et de se réaliser est de tuer. Non pas combattre des adversaires de sa stature et de son âge, mais mettre à mort des enfants, des êtres faibles et innocents qu'il entreprend, auparavant, de souiller. Qu'importe s'il a commandé des armées, s'il a été maréchal : il ne se revendiquera plus désormais que d'un titre, celui de tueur. Il ne cherchera plus qu'un seul plaisir : celui de faire couler le sang de victimes innocentes et d'assister, jusqu'au bout à leur agonie. Jamais un homme n'a atteint un tel sommet dans l'horreur et la dépravation. Ses contemporains seront horrifiés quand le monstre sera découvert, mais n'a-t-il pas donné, sur les champs de bataille, des preuves de cruauté et d'inhumanité ? Mais à l'époque, il remportait des victoires, pour les seigneurs ou le roi, et tout le monde l'applaudissait. D'ailleurs, il ne va pas définitivement rompre avec le passé puisqu'il répondra encore aux sollicitations et fera la guerre. Il massacrera encore des dizaines d'ennemis mais ses victimes favorites resteront les enfants… Il a des hommes à sa solde qui parcourent les villages, à la recherche d'enfants et d'adolescents qui serviront de pages à leur seigneur. Les parents se laissent convaincre sans difficulté. Le père empoche l'argent, l'enfant grimpe derrière un des cavaliers et s'en va. Il ne manquera pas beaucoup à ses parents puisqu'ils ont une ribambelle d'enfants. S'ils pouvaient savoir le sort que lui réservait «son» seigneur, ils courraient derrière les cavaliers et leur arracheraient leur enfant. (à suivre...)