Résumé de la 3e partie n Mimile est libéré. Six jours après l'évasion, la bande fait irruption dans un restaurant, pistolet et mitraillette au poing… Ce geste étonnant va avoir une double conséquence. Dans le milieu, Émile Buisson est maintenant plus qu'un caïd, c'est une terreur. On le considère aussi comme un peu fou, car il faut l'être pour vouloir abattre gratuitement et de sang-froid un policier. On l'appelle maintenant «Mimile le Dingue». La police change elle aussi d'opinion. Elle ne le considère plus comme un gangster parmi d'autres, mais comme un individu particulièrement dangereux qu'il faut mettre hors d'état de nuire. Seulement, elle est handicapée par ses structures. Elle est divisée alors en deux services distincts et souvent concurrents : la Police judiciaire et la Sûreté nationale. La PJ, dont le siège est Quai des Orfèvres, est compétente sur tout le département de la Seine, qui regroupe Paris et sa périphérie. La Sûreté nationale, rue des Saussaies, a autorité sur le reste du territoire. Or, comme Émile Buisson a agi à la fois à Paris et en province, les deux services se disputent son arrestation. Pourtant, sa bande ne va pas survivre longtemps, en partie à cause de Mimile lui-même... Le 21 septembre 1947, soit douze jours après le pillage du restaurant, il abat dans les bois d'Andrésy Henri Russac, à qui il reprochait d'avoir empoché indûment l'un des bijoux. Quelques jours plus tard, alertée par des voisins qui trouvent suspectes les allées et venues des occupants de l'appartement rue Bichat, la police fait une descente surprise. Émile Dekker et Jean-Baptiste Buisson sont arrêtés. Emile a le temps de s'enfuir sur les toits par une imposte. Il y passe toute la nuit caché derrière une cheminée et redescend au petit matin. Il est libre mais tout est à recommencer à zéro. Il reconstitue sa bande avec Francis Guillo, le seul qui ait échappé à l'arrestation, et trois nouveaux venus : Henri Ribot, Désiré Polledri et Maurice Yves, dit «le Poissonnier». Dès lors, il se lance dans le banditisme à une cadence forcenée. Les hold-up succèdent aux hold-up, contre les objectifs les plus divers : banques, encaisseurs, livreurs, commerçants, perceptions, agences de la Sécurité sociale, PMU. Il n'y a pas moins de vingt-deux agressions entre mai 1948 et septembre 1949. Chaque coup rapporte entre 100 000 et 3 millions de francs, ce qui finit par représenter une véritable fortune. Cette fois, Émile Buisson est devenu l'ennemi public numéro un. Jusqu'à présent, ce titre était décerné à Pierre Loutrel, dit «Pierrot le Fou», mais il vient de mourir d'une balle reçue lors de l'attaque d'une bijouterie. Du coup, c'est Mimile que toutes les polices recherchent, toujours handicapées par cette lutte d'influence entre la PJ et la Sûreté nationale. Émile subit pourtant des revers. Francis Guillo, son fidèle lieutenant, se fait bêtement prendre à Issy-les-Moulineaux par la police municipale. Peu après, au retour d'un braquage à bord d'une traction-avant volée, Désiré Polledri tue accidentellement Maurice Yves, en manipulant sa mitraillette. Il l'abandonne dans la voiture et déclare à Buisson : — C'est un accident, Maurice s'est blessé lui-même. Malheureusement, le lendemain les journaux relatent le fait divers et révèlent que le gangster a été tué d'une balle dans le dos. Si Polledri lui avait dit la vérité, Mimile l'aurait peut-être acceptée, mais il n'aime pas qu'on se moque de lui. Et son complice a participé à une grosse affaire de fausse monnaie marocaine sans lui en parler. C'est suffisant pour qu'il décide de l'éliminer. Le 8 juin 1949, il invite Polledri dans un restaurant de l'avenue de La Motte-Piquet. En sortant, alors qu'ils reviennent dans la petite rue où il a garé sa voiture, il lui vide tout son chargeur dans le corps. Polledri ne décédera que quelques heures plus tard, à l'hôpital Boucicaut. De toute manière, il n'était plus en état de parler : une des balles lui avait sectionné la langue... (à suivre...)