Info Soir : Comment est organisé le marché immobilier en Algérie ? M'hamed Sahraoui : On peut considérer que, globalement, on peut acquérir un logement en Algérie en empruntant une des trois voies suivantes : acheter un logement à travers des programmes étatiques revêtant plusieurs formes dont le logement social participatif (LSP), les logements Opgi, le logement promotionnel (ex- Eplf) remplacé par l'Entreprise nationale de promotion immobilière (Enpi) nouveau-né dans le paysage immobilier, le logement rural bénéficiant d'une aide de l'Etat et l'autoconstruction qui représente 5% du logement en Algérie. L'ensemble de ces formules représente 95% de la totalité des programmes de logements réalisés dans le pays. Par ailleurs, on peut acheter un logement auprès d'un promoteur immobilier privé dans le cadre de la vente sur plan avec comme corollaire, l'assurance pour le futur acquéreur que le Fonds de garantie et de Caution mutuelle de la promotion immobilière veille au grain et à la bonne tenue des promoteurs qui sont dans l'obligation de souscrire un contrat de garantie. Mais ce dernier secteur du promotionnel libre ne représente que 5% du logement en Algérie soit 8 000 unités annuellement. Acheter un logement dans le gisement du logement du privé national qui dispose, selon les derniers chiffres, de plus d'un million de logements disponibles, demeure un rêve car les prix sont bien trop élevés. Quels sont les problèmes qui pénalisent les promoteurs algériens et par conséquent les acquéreurs ? Pour ce qui concerne les problèmes auxquels sont confrontés les promoteurs algériens, on peut citer en premier lieu la rareté et la cherté du foncier. Il ne faut pas omettre que le prix du mètre carré est exorbitant et peut aller jusqu'à 150 000,00 DA le m2 de terrain nu, voire plus encore dans certains quartiers dits «huppés» des grandes villes. Ailleurs les prix tournent allègrement autour de 30 000,00 DA. Les prix élevés des matériaux de construction sont également pour quelque chose. La difficulté d'accéder au crédit bancaire, la main-d'œuvre rare et souvent peu qualifiée, les taxes, les contraintes fiscales lourdes, les coûts de douanes élevés… ainsi que l'insolvabilité de la grande masse des clients potentiels. La promotion immobilière bénéficie-t-elle d'une exonération ? Le promoteur privé libre ne bénéficie d'aucune exonération, c'est aussi le cas pour le public. Le promoteur réalisant des programmes étatiques bénéficie d'exonérations dont la plus importante concerne la cession des assiettes foncières payées à 20% seulement de leur valeur vénale. * Architecte - Urbaniste et Promoteur immobilier