Réalité n Chez nous, on les appelle «accros» ou «mordus» d'Internet. Mais en vérité, ils sont le plus souvent de véritables cyberdépendants. Nacer, 29 ans, est de ceux-là depuis le mois de décembre dernier. Depuis qu'il a découvert Internet, «il ne se sépare plus de l'ordinateur», racontent ses proches. Au tout début, ce diplômé en biologie n'abusait pas trop de l'usage de cette nouvelle technologie qui n'était pas à la portée de tout le monde, il faut bien le signaler. Il s'arrangeait tout de même pour surfer sur la Toile «presque quotidiennement». Avec la démocratisation d'Internet et l'arrivée du haut débit, Nacer qui fut embauché entre-temps par une société spécialisée dans l'importation de matériel médical, s'est complètement «lâché», passant des heures et des heures devant l'ordinateur. «Personnellement, je le voyais rarement. Pourtant, on habite le même quartier», relève son cousin. Et d'ajouter : «Une fois sa journée de travail terminée, il se dirigeait systématiquement vers un cybercafé de la rue Hassiba-Ben-Bouali qui appliquait des tarifs très raisonnables.» C'était il y a 3 ans et demi. Mais qu'est-ce qui a changé depuis pour lui ? «Pas grand-chose, sinon qu'il ne fréquente plus les cybercafés étant donné qu'il a Internet à la maison», répond son cousin. Selon ses proches, Nacer communique de moins en moins avec ses parents et ses frères : «Il préfère tchatcher sur Internet que de causer avec les siens. De plus, il mange rarement à table, il se contente le plus souvent de petits sandwiches, de gaufrettes et de yaourts qu'il consomme tout en surfant sur la Toile. Le problème est qu'il n'accepte pas qu'on lui fasse des remarques au sujet de son addiction à Internet.» Selon son cousin, Nacer a piqué récemment une colère noire après que son frère eut endommagé son ordinateur : «Il était dans tous ses états car il ne pouvait pas se connecter.» Le cas de Nacer n'est certainement pas isolé. La cyberdépendance n'est pas l'apanage des Chinois et des Américains. Conscients de cette réalité, des parents commencent à s'inquiéter pour leurs enfants qui, d'après eux, «utilisent trop Internet». C'est le cas de Brahim, 44 ans, cadre dans une entreprise publique. «Mon fils aîné âgé de 13 ans me cause des soucis depuis un moment. Il est tout le temps devant son ordinateur sous prétexte qu'il a des recherches à effectuer pour ses devoirs. J'ai beau lui dire qu'il ne doit pas rester longtemps devant l'écran, mais il ne veut rien entendre. La dernière fois, j'ai été amené à couper la connexion car il est resté connecté toute la journée. Mais je l'ai senti tellement malheureux après, que je n'ai pas pu m'empêcher de remettre la connexion», dit-il, non sans s'interroger : «Que dois-je faire ? Je ne sais pas franchement.»