Etat des lieux n Poumon commercial des produits agricoles, Zenqet el-Arab ou boulevard des Feddayin, ne paie pas de mine : saleté, poussière, détritus, personnes errantes et quelques vendeurs à la sauvette poursuivis par la police. La maison devant laquelle est tombé Si Smaïl durant la guerre de libération n'est que ruines. La stèle érigée sur les lieux de la bataille où tombèrent les compagnons du chahid a été délestée de son marbre. Qui s'est préoccupé de la remettre en l'état ? C'est la mémoire de la ville qui disparaît sans que personne y prenne garde ou s'en soucie. Sous d'autres cieux, la maison aurait été retapée pour recevoir la visite d'écoliers, de lycéens, d'étudiants en histoire et sociologie et/ou faire partie d'un circuit pour visiteurs étrangers. Le président actuel de l'apc pourrait entamer des recherches dans le sens de la restauration d'un pan de l'histoire de la ville. Tout proche du boulevard, le lycée historique Ibnou-Toumert, est vide durant ces vacances de printemps et nulle animation ne le fait sortir de sa léthargie. Pourtant, Boufarik regorge de potentialités sportives et culturelles et les échanges ne gêneraient pas le développement d'activités, bien au contraire. Des commerces et des cafés tentent bien d'animer le quartier mais tout semble suspendu : le cœur n'y est pas. Ceux qui faisaient l'animation sont partis ailleurs ; «beaucoup de jeunes sont en prison parce qu'ils ont été privés de leur gagne-pain et ils étaient retombés dans le commerce de la drogue et les vols» affirme Karim, un revendeur de fruits à même le sol. Il est vrai que depuis l'arrêté du wali de Blida de décembre 2008 mettant fin à l'occupation illégale des places publiques et trottoirs aux fins de commerce informel, la plus grande «victoire» des élus de Boufarik demeure l'éradication des commerces à la célèbre Zenqet el-Arab. Cela ne s'est pas fait sans tension et conflits. Déjà, en 2008, le chef de daïra se montrait mécontent de devoir déloger plus de cent jeunes commerçants de cette longue rue. Des jeunes regroupés à côté de la stèle, laissent éclater leur colère. «Que veulent-ils mettre à la place des étals ? Qui a obligé Boufarik à exécuter les ordres alors que les autres communes sont restées telles qu'elles ? Pourquoi Boufarik n'est pas encore une wilaya ?» Un père de famille déclare tranquillement : «Je faisais vivre cinq familles avec mon commerce en employant douze personnes entre livreurs, vendeurs et chauffeurs et tout ce beau monde se retrouve à sec depuis la fermeture de ce boulevard au commerce.» Une autorisation est exhibée, mais elle semble ne servir à rien. «D'autres personnes ont disposé de carreaux à un autre endroit. On nous promet aussi l'ouverture d'un autre marché que nous attendons toujours», confie un ex-voisin d'étal. La balle est dans le camp des pouvoirs publics lesquels assurent qu'un premier marché verra le jour avant la fin de cette année. Patrimoine en péril Le hammam Trésor au centre de l'ancienne ville de Blida, la médina, est un bain fermé au public et ses murs tombent en ruines. La rue Belkacem-Aoun-Seghir, (ex-Mounier), recevait des dizaines de familles pour le bain hebdomadaire. «Mon grand-père nous emmenait en calèche et il y avait des tas d'enfants qui se chamaillaient», raconte une vieille femme qui regarde la porte du hammam, désespérément close, les yeux remplis de larmes. Le souk de Blida, à la rue du 17-Juin, (ex-rue des Couloughlis), comptait trois hammams qui appartenaient aux familles Laouedj et Abed. Le patrimoine local se devrait de conserver ces joyaux pour l'histoire de la ville. C'est la mémoire de la ville qui tombe en ruines alors que tout est encore possible. «Depuis que la clientèle féminine a déserté les lieux, le hammam au centre de la ville commerciale ne pouvait plus tenir», assure un commerçant tenant boutique dans le coin. Les hammams à la périphérie de la ville ont pu s'approprier cette clientèle et le hammam Trésor, qui tient son nom de par sa proximité avec la recette du Trésor public qui existait dans le voisinage, a dû se convertir dans l'offre de nuitées aux voyageurs. Son marbre, ses ouvrages d'art devraient être sauvés avant son éventuelle destruction par un quelconque entrepreneur. Les ministères de la culture et des collectivités locales, ceux de l'Habitat et de la Jeunesse et des sports pourraient être intéressés par ce joyau à l'architecture andalouse. Benomar «Salle de sports ou d'exposition ?» l Abdennour Laredj, le jeune président de l'Association sportive de la ville de Blida – ASVB – n'en revient pas. Depuis quelque temps, la salle Benomar où évoluent les jeunes catégories, est souvent monopolisée par les autorités locales pour des expositions. Sise au centre-ville de Blida, le «Palais des sports» Benomar – les anciennes halles au tabac du temps de la colonisation – ont abrité d'exceptionnelles rencontres de volley-ball et de handball ainsi que des galas de boxe avant de céder la place aux sports de combat le long du périmètre de la salle et d'octroyer le centre au volley-ball. La nouvelle équipe dirigeante de l'ASVB, entamant le mandat avec une dette de 480 millions de centimes, redevient compétitive après un passage à vide. «L'apc de Blida a pu nous aider et le volley étant la locomotive du club, nous avons axé nos efforts sur le recrutement de joueurs de talent et nous évoluons à la salle Chalane afin de laisser l'aire de la salle Benomar à nos sections de jeunes», affirme le président qui ne comprend pas que nombre de jeunes soient, justement, privés de leur sport favori. «Je ne cherche pas les résultats pour ces catégories mais il y a un programme de formation qui est tout le temps chamboulé.» Il faut tout simplement penser à un palais des expositions pour la ville et les terrains d'assiette pour ce gendre d'édifices existent. Culture Le Petit Théâtre se meurt l Quatre années de création, de soubresauts, de bonnes et de mauvaises journées, plus de mauvaises que de bonnes d'ailleurs et la décision — douloureuse — de mettre la clé sous le paillasson. Les méandres de l'administration ont privé le petit théâtre, réellement petit, d'un prêt bancaire. Les échéances se succédant, la fermeture et des poursuites en contentieux deviennent imminentes. «Le gel des comptes et la saisie du matériel pourraient être évités si l'idée de soutenir les entreprises en difficulté est réellement prise au niveau de la Cnac (Caisse nationale de l'assurance chômage) avec la création d'un fonds commun que les entreprises florissantes alimentent afin de permettre aux autres de ne pas mourir», déclare Halim Chanane, le chef de l'entreprise Le Petit théâtre, qui fera de surcroît cette amère réflexion : «J'étais un chômeur tranquille, il y a cinq années et je me retrouve, en 2010, chômeur endetté.» Pour le comédien, le marché est plein d'opportunités mais pas connues parce que les conseillers à la Cnac et à la banque ne suivent pas les projets et «vous laissent dévorer par la jungle», précise, attristé, M. Chanane. Un simple calcul révèle que cent représentations étalées sur trois années auraient permis le remboursement, mais «le théâtre ambulant n'est pas encore ancré dans les têtes de nos dirigeants et éventuels sponsors», affirme le comédien. Pour lui, les directions de la culture sollicitent les associations et non les entreprises. Aussi, il ne fallait pas créer une entreprise à but lucratif, à la manière de Bachtarzi il y a plus de 70 ans. Pourtant, les idées et les créations montées en spectacle avaient beaucoup plu, telles Nadhafa, Zinou, avec musique et jeux de marionnettes. Pour l'heure, le spectacle risque de se déplacer du côté des tribunaux.