Ecriture n Liban est le titre du premier roman de Yamilé Ghebalou-Haraoui, paru aux éditions Chihab. Comme son titre l'indique, la trame du roman se déroule dans le Liban des années 1970, au temps où il était déchiré par la guerre civile. C'est d'abord une histoire de rencontre entre un Algérien (Omar) et un Libanais (Kamal). Tous deux partagent la même expérience : Omar a connu la guerre étant enfant, celle de la Libération nationale, et en a été profondément marqué, comme Kamal qui vit la violence au quotidien. De cette rencontre naît une amitié qui, au fil du temps, devient profonde. Plus tard, à Beyrouth où la violence sévit de plus en plus, Omar fait la rencontre d'un riche Libanais qui lui offre un fort salaire de garde du corps de sa fille Esmet-Nour, une Franco-Algérienne. Un sentiment naît rapidement entre les deux jeunes : l'amour emplit les deux cœurs d'Omar et d'Esmet-Nour. Le roman, qui raconte l'amour comme l'humanité, se présente pareil à un film. Imagé, il revêt une portée réaliste : «On croit beaucoup à cette histoire où la fiction confirme la réalité.» Yamilé Ghebalou-Haraoui, pour écrire son roman et lui conférer des tonalités effectives, a mené un sérieux travail de recherche documentaire. «Je me suis documentée sur Beyrouth, une ville que je ne connaissais pas, en lisant beaucoup et en visualisant les espaces à partir de cartes postales et de cartes géographiques, afin de donner une certaine réalité au roman», souligne l'auteur. Ce travail s'est fait dans un style à la fois simple et subtil, un style authentique dans son contenu et dans son esthétique. Le roman revêt alors une dimension poétique tant la charge émotionnelle est vraie et intense : l'on est saisi au plus profond de soi tant l'histoire est attrayante et les personnages attachants. Le roman est fait d'errance, tantôt physique ou géographique, tantôt intérieure ou mentale. Et à force d'errance, de déambulations de jour comme de nuit, à l'intérieur comme à l'extérieur, l'on constate que le protagoniste principal du roman n'est autre que le Liban, voire Beyrouth avec ses amours et ses tragédies, ses rêves et ses désillusions. Le roman est fait de sentiments, de réminiscences – et de poésie. Car tout en usant de poésie, l'auteure, d'abord une poétesse avant de s'essayer au roman, confère à l'univers romanesque qu'elle imagine et compose avec sensibilité et teneur, une portée poétique, par laquelle les personnages s'illustrent avec réalisme. A noter, par ailleurs, que ce roman subtilement raconté avec une certaine sensibilité humaine et un accent féminin évoque, en filigrane, la réalité de l'Algérie, notamment celle des années 1990, lors de la décennie noire. Ainsi, en parlant dans son roman du Liban au temps de la guerre civile, Yamilé Ghebalou-Haraoui met en parallèle les violences qu'a connues l'Algérie dans les années 1990. C'est pour cette raison que l'imaginaire romanesque de l'écrivaine est construit à partir de réminiscences et de parallélisme : elle raconte le Liban au temps de la guerre civile tout en faisant allusion en images à un pan de l'histoire contemporaine de l'Algérie.