Résumé de la 2e partie n Le garçon offre au vieillard un soldat de plomb. Suite à cela le vieil homme l'invite chez lui... Cette belle madame vient de chez le marchand de bric-à-brac, répondit le vieux monsieur. Il a souvent des portraits à vendre et pas chers. Les originaux sont morts et enterrés ; personne ne s'occupe d'eux. Cette dame, je l'ai connue toute jeune ; voilà un demi-siècle qu'elle a quitté ce monde ; j'ai retrouvé son portrait chez le marchand et je l'ai acheté.» Au-dessous du portrait se trouvait sous verre un bouquet de fleurs fanées ; elles avaient tout l'air d'avoir été cueillies juste cinquante ans auparavant. «On dit chez nous, reprit l'enfant, que tu es toujours seul et que cela fait de la peine rien que d'y penser. - Mais pas tant que cela, dit le vieux monsieur. Je reçois la visite de mes pensées d'autrefois, et je revois passer devant moi tous ceux que j'ai connus. Et maintenant, toi, tu es venu me rendre visite ; je me sens très heureux.»Il tira alors d'une armoire un grand livre d'images et les montra au petit garçon ; c'étaient des fêtes et des processions des siècles passés : d'énormes carrosses tout dorés, des soldats qui ressemblaient au valet de trèfle de nos cartes ; des bourgeois habillés tous différemment, selon leurs métiers et professions. Les tailleurs avaient une bannière où se voyaient des ciseaux, tenus par deux lions ; celle des cordonniers représentait un aigle à deux têtes, parce que chez eux il faut toujours la paire. Oui, c'étaient de fameuses images, et le petit s'en amusait tout plein. Le vieux monsieur alla alors chercher dans l'office des gâteaux, des confitures, des fruits. Qu'on était bien dans cette vieille maison ! «Je n'y tiens plus, s'écria tout à coup le soldat de plomb qui était sur la cheminée. Non, c'est trop triste ici ; celui qui a goûté de la vie de famille ne peut s'habituer à une pareille solitude. J'en ai assez ! Le jour ne semble déjà pas vouloir finir ; mais la soirée sera encore plus affreuse. Ce n'est pas comme chez toi, mon maître ; ton père et ta mère causent joyeusement ; toi et tes frères et sœurs vous faites un délicieux tapage d'enfer. On se sent vivre au milieu de ce bruit. Le vieux, ici, jamais on ne lui donne de baisers, ni d'arbre de Noël. On lui donnera un jour un cercueil et ce sera fini. Non ! j'en ai assez ! -Il ne faut pas voir les choses du mauvais côté, répondit le petit garçon. A moi, tout ici me paraît magnifique, et encore n'ai-je pas vu toutes les belles choses que les vieux souvenirs font passer devant les yeux du maître de céans. - Moi non plus je ne les aperçois ni ne les verrai jamais, reprit le soldat de plomb. Je t'en prie, emporte-moi. - Non, dit le petit, il faut que tu restes pour tenir compagnie à ce bon vieux monsieur.» Le vieillard, qui paraissait tout rajeuni et avait l'air tout heureux, revint avec d'excellents gâteaux, des confitures délicieuses, des pommes, des noix et autres friandises ; il plaça tout devant son petit ami qui, ma foi, ne pensa plus aux peines du soldat de plomb. L'enfant retourna chez lui, s'étant diverti à merveille. Le lendemain, il était à sa fenêtre, et il fit un signe de tête au vieux monsieur, qui le lui rendit en souriant. Une neuvaine se passa, et alors on revint prendre le petit garçon pour le mener à la vieille maison. Les trompettes entonnèrent leur schnetterendeng : ta-ta-ra-ta ! (à suivre...)