Risque n Eugène Terre Blanche, qui fut un farouche partisan de l'apartheid, a été tué, hier, samedi, dans sa ferme du Nord-Ouest. Agé de 69 ans, le leader du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), incarnation de l'opposition blanche à l'abolition de l'ancien régime raciste sud-africain, a été attaqué et tué, apparemment à la suite d'une querelle avec deux de ses employés, selon une porte-parole de la police. Les deux hommes, âgés de 15 et 21 ans, ont été arrêtés et inculpés de meurtre. «Ils ont dit à la police que la dispute avait éclaté car ils n'avaient pas été payés pour le travail qu'ils avaient accompli à la ferme», a-t-elle précisé. «Le corps de M. Terre Blanche a été trouvé sur son lit, avec des blessures au visage et à la tête». Un meurtre qui semble non politique, mais qui intervient sur fond de tensions raciales toujours vives, 16 ans après la fin de l'apartheid. Ancien policier et exploitant agricole, Eugène Terre Blanche avait fondé l'AWB dans les années 1970. Défenseur de la suprématie blanche, l'ancien policier critique du régime d'apartheid dont il estimait qu'il faisait trop de concessions aux Noirs, il était opposé à la démocratie parlementaire. Son mouvement était connu pour ses défilés équestres en tenues paramilitaires, et son insigne à trois branches rappelant beaucoup la croix gammée des nazis. A plusieurs reprises, y compris sous l'apartheid, des membres de ce mouvement ont été condamnés pour détention d'armes et d'explosifs. Au début des années 1990, les défilés paramilitaires de l'AWB pouvaient réunir plusieurs milliers de personnes, et le groupe se livrait à des actions violentes et à des attentats sporadiques. En 1994, après l'abolition du régime de l'apartheid et à la veille des premières élections multiraciales, l'AWB avait encore tenté de déstabiliser la transition démocratique, par des actions violentes, dont des attaques à la bombe, mais ponctuelles, avant d'être progressivement marginalisé. Eugène Terre Blanche avait été emprisonné en 2001 pour tentative de meurtre, après avoir battu à coups de barre de fer un vigile noir, lui causant des lésions cérébrales irréversibles. En juin 2005, il avait obtenu une remise en liberté conditionnelle pour bonne conduite. A quelques encablures de la Coupe du monde, ce meurtre risque d'aggraver la situation après l'attaque survenue le 13 mars dernier contre un bus. Il faut dire que les fractures raciales se manifestent régulièrement. Le chef de la Ligue de la jeunesse du parti au pouvoir, Julius Malema, vient de susciter la polémique en reprenant une chanson des années de lutte dont le refrain appelle à «tuer les Boers» (les fermiers afrikaners, ndlr). Le petit parti, Freedom Front, qui représente les fermiers blancs au sein du gouvernement de M. Zuma, a évoqué dans la nuit une «situation explosive».