à deux mois du coup d'envoi du Mondial 2010, la fièvre monte en Afrique du Sud, où drapeaux et ballons ronds se multiplient dans tous les segments de la société. La proximité de cette première Coupe du monde sur le continent africain est de plus en plus tangible dans le pays : drapeaux aux couleurs de la nation arc-en-ciel et maillots de foot font fureur et les vendeurs de rue ont agrémenté leurs stocks d'accessoires pour supporters. La Fédération internationale de football (FIFA) a entamé à la mi-mars la formation des 18 000 volontaires qui accueilleront les visiteurs étrangers pendant la compétition. Les tickets seront en vente à partir de demain. Pour ajouter à la fête, la FIFA vient d'annoncer qu'un concert réunira Amadou et Mariam, Angélique Kidjo ou encore Shakira la veille du match d'ouverture Afrique du Sud-Mexique, le 11 juin, au tout nouveau stade Soccer City de Johannesburg. Le gouvernement sud-africain, qui a dépensé 33 milliards de rands (3 milliards d'euros) pour les infrastructures liées au Mondial, espère qu'il servira à donner une meilleure image du pays et à attirer davantage de touristes et d'investisseurs. En interne, il compte profiter de cette grand-messe sportive pour renforcer l'unité entre Noirs et Blancs dans un pays qui porte encore les séquelles de l'apartheid, seize ans après l'abolition du régime ségrégationniste. Et la sauce semble prendre. Depuis quelques semaines, les drapeaux fleurissent même aux portières des 4X4 dans les quartiers blancs où le football local n'est pas très populaire. Un énorme ballon rond a pris position en plein cœur de Santon, le très chic quartier des affaires de Johannesburg. Un fait divers sanglant jette toutefois une ombre sur ces efforts : samedi dernier, le leader d'un groupuscule d'extrême droite a été battu à mort par deux de ses ouvriers noirs, ravivant les craintes de violences raciales. Ses supporters, membres du Mouvement de résistance afrikaner (AWB), ont menacé de le venger, certains évoquant des représailles pendant le Mondial. Le ministre de la Police, Nathi Mthethwa, a assuré que la sécurité des supporteurs serait assurée, tout en reconnaissant être «inquiet de la nature violente de la criminalité en Afrique du Sud», où 50 homicides ont lieu chaque jour. Les autorités ont également reconnu que la Coupe du monde risquait d'être accompagnée de manifestations. «Cela fait partie de la nature humaine : les gens saisiront l'opportunité», a déclaré Nomvula Mokonyane, chef du gouvernement de la province du Gauteng où se trouvent Johannesburg et Pretoria. Or, en Afrique du Sud, les manifestations dégénèrent souvent en violences. Au mois de mars dernier, des chauffeurs de taxis collectifs ont protesté contre la mise en place d'un nouveau système de transport en commun à Johannesburg, à Port-Elisabeth (sud) et au Cap (sud-ouest) en vue du Mondial, en tirant sur des bus. Malgré ces risques, l'organisation policière internationale Interpol s'est dite satisfaite des préparatifs en matière de sécurité, qui prévoient le déploiement de 41 000 policiers supplémentaires et le maintien de l'armée en «état d'alerte» pendant la compétition. Les inquiétudes des Sud-Africains se reportent donc sur la sphère sportive et les performances plus que médiocres de leur équipe nationale, les Bafana Bafana. Leur entraîneur, le Brésilien Carlos Parreira, a reconnu qu'il leur restait d'importants progrès à faire en termes de... contrôle du ballon.