Constat n Le théâtre dit moderne, voire contemporain, entretient d'étroites relations avec les autres formes artistiques : poésie, musique, danse, vidéo… Cela revient systématiquement à dire que l'art des planches, longtemps figé dans une seule représentation, se trouve, avec l'interpénétration des différentes formes artistiques, au confluent de diverses expressions artistiques. Cela fait aussitôt sa richesse et sa pluralité et donc sa singularité et son originalité. Le théâtre devenant polyvalent, il n'est plus uniquement une représentation du verbe. Il est aussi l'expression du corps, de l'image et de la voix. L'on peut constater cependant que le théâtre algérien privilégie plutôt le verbe au corps, à la voix ou bien à l'image, sachant que tous constituent un objet de représentation et un moyen d'expression. Chacune de ses formes – très peu ou presque pas utilisées dans un travail théâtral – s'avère un spectacle, une performance en soi. «C'est une construction théâtrale», nous dira Omar Maâyouf, universitaire, pour qui le théâtre se veut un tout, et de souligner : «J'estime qu'il faut intégrer ces formes artistiques dans le jeu théâtral et l'associer au verbe». Omar Fetmouche, directeur du Théâtre régional de Béjaïa, estime, pour sa part, que le théâtre algérien est en train de faire sa mue dans ce sens. «Il y a de plus en plus d'hommes de théâtre qui, dans leur travail de mise en scène, s'appuient sur de nouveaux supports d'expression scéniques», fait-il savoir, et d'ajouter : «L'apport de nouvelles techniques entre désormais au niveau du théâtre, Pour plus d'exigence et de performance, le théâtre algérien fait alors appel à de nouvelles spécialités : la vidéo commence à prendre le pas à l'intérieur du théâtre, comme l'on assiste à des pièces qui, sans hésitation, font appel à des danseurs et à des chorégraphes. S'ajoute à cela un travail de scénographie qui se fait d'une manière de plus en plus intéressante. Toutefois, le manque de formation dans ce sens fait défaut au langage théâtral. C'est pour cette raison que les professionnels du théâtre, pour la plupart, préconisent un travail approfondi et régulier. Le théâtre algérien doit se moderniser, et pour ce faire, il est clair qu'il faut privilégier l'intérêt pour les différentes formes artistiques susceptibles d'apporter un plus et un élan nouveau au jeu scénique, lui conférant plus de diversité et de richesse, plus de volume et de relief, plus de sensibilité et de poétique, c'est-à-dire une esthétique nouvelle. Car un beau spectacle nécessite de l'action comme de l'émotion. Ainsi, le théâtre est toute cette dynamique, dynamique qui le spécifie et l'inscrit dans une architecture certes complexe mais dont les composantes sont complémentaires. Avec la danse, la musique ou le chant, l'image (vidéo) et la poésie amènent le metteur en scène à explorer d'autres territoires et à défaire les frontières pour construire un univers pétri de sensibilités poétiques. Avec le théâtre moderne qui se présente comme un répertoire dans lequel le dramaturge est en mouvement continu, à la recherche de nouveaux espaces poétiques, la langue parlée n'est plus le langage du théâtre – celle-ci n'est que prétexte à l'interprétation – mais c'est le tout, c'est-à-dire les autres expressions artistiques qui, en traversant les frontières, s'acheminent dans une démarche harmonieuse.