«Ce ne sera pas un coup d'éclat mais une action qui s'inscrit dans la durée» ne cessera-t-il de répéter. Récent récipiendaire du prix Movimentos du meilleur danseur au Festival international de danse contemporaine qu'il a reçu à Berlin, et dédié avant-hier, en direct sur la chaîne Arte à l'Algérie et particulièrement à Abdelaziz Bouteflika président de la République, Sofiane Abou Legraâ était hier matin à la salle El Mougar, pour animer une conférence de presse. Celle-ci a été initiée en prévision de la mini- tournée nationale que sa compagnie de danse Baraka va donner en Algérie via le spectacle Allegoria Stanza. Ladite tournée sera entamée demain à 18h à la salle El Mougar, puis se déplacera le 21 mai au théâtre régional d'Oran avant de s'achever le 23 mai à Sidi Bel Abbès, un «véritable vivier de danse» d'où le choix porté sur cette ville, avoue Abou Legraâ, originaire d'Oran. Accompagné de sa femme, aussi danseuse, l'artiste qui aura l'insigne honneur d'assurer la chorégraphie du spectrale de clôture du Festival panafricain, le 20 juillet prochain, aux côtés du metteur en scène et chef d'orchestre Farid Aouamer, se dira très heureux de venir enfin travailler dans son pays natal et offrir ses services à l'Algérie. «Ce ne sera pas un coup d'éclat, ne cessera-t-il de répéter, mais mon action et celle de ma compagnie sont prévus de s'inscrire dans la durée, avec un désir profond de former des danseurs algériens et assurer l'avenir de la danse en Algérie.» En effet, Après cette mini-tournée, l'artiste compte revenir aussi se produire en juillet, notamment à Sidi Bel Abbès où il compte résider puis à Tizi Ouzou. Il sera de nouveau en Algérie en septembre avant de se consacrer entièrement à la formation d'une soixantaine de danseurs du Ballet national dont vingt dans le volet de la recherche artistique. Ce projet qui se donne au moins 10 ans de temps, entend promouvoir la danse algérienne et susciter surtout sa relance et la réactualisation du ballet, en commençant par la rénovation des studios de Bordj El Kiffan. Cela sera entamé au cours de l'année 2010 et se soldera par un spectacle qui fera le tour du monde, nous apprend-on. Notons que des tapis de danse seront acheminés dans 15 jours vers Alger, a fait remarquer Abou Legraâ, après avoir constaté l'état de précarité de la danse en Algérie. «J'ai demandé d'abord des tapis de danse à la ministre de la Culture, car je crois qu'il en existe que deux ou trois sur tout le territoire national». Abou Legraâ et sa femmes, persistent et signent: «Malgré les difficultés, nous sommes prêts à relever ce défi, lequel est ambitieux certes, mais réalisable. Nous sommes venus pour répondre à cette flamme que nous avons ressentie, il s'agit d'abord de donner et de partager, après avoir pris conscience de l'urgence à le faire ici car c'est là que ça se passe aujourd'hui.» Evoquant le spectacle Allegoria Stanza (1h30) lequel capitalise plus de 150 représentations dans le monde, Nawel Abou Legraâ souligne: «Il donne beaucoup de place à l'interprète. Il repose sur la question: Qui sommes nous? Quelles sont nos racines? A travers une danse humaniste, fluide, qui vient du coeur, une danse de réflexion et de partage. Bref, d'individu et d'engagement.» «Aussi plein d'amour et de poésie», renchérit Abou Legraâ. Il s'agit, en effet, d'une pièce pour 10 danseurs qui fait rencontrer des danseurs de hip-hop et d'autres de danse contemporaine, sur une musique de Fayrouz, de la percussion algérienne et de la musique électronique européenne. «Une confrontation entre deux univers, le ciel et la mer, inspirés des paysages d'Algérie et du Maroc que j'ai longtemps contemplés», dit le danseur, tout ému. L'eau sera portée à l'écran à travers des vidéo. La compagnie de danse Baraka existe depuis 10 ans. Mais c'est depuis la consécration du danseur dans le monde que le projet de venir travailler en Algérie a pris forme tout doucement mais sûrement (depuis 2004), et eut finalement l'aval du ministère de la Culture et même du Président Bouteflika qui a demandé aux Abou Legraâ, mari et femme, de se produire, en duo il y a un mois, au théâtre régional d'Oran où ils ont été confortés dans leur projet. S'agissant du Festival panafricain, Sofiane Abou Legraâ fait remarquer qu'il est à la recherche d'une vingtaine de danseurs algériens pour former une troupe qui sera prête à répéter entre le 12 juin et le 20 juillet prochain. «Le spectacle (une commande du Président de la République) rendra hommage, souligne Abou Legraâ aux artistes et à l'art algérien et africain dont la regrettée Miriam Makéba, au présent ou pas du tout, à l'Afrique du passé dans le présent avec les moyens du futur. J'ai envie d'apporter quelque chose de différent, une autre poésie, une autre force», dit -il.