Résumé de la 1re partie n Le fils du riche marchand, dilapide la fortune laissée par son père et s'exile en Turquie. Là, il parvient à s'introduire chez la fille du roi... Il s'envola, s'acheta une nouvelle robe de chambre et s'assit dans la forêt pour composer un conte. Il devait être terminé samedi, et ce n'est pas si facile. Pourtant, quand vint le samedi, c'était fait. Le roi, la reine et toute la cour prenaient le thé chez la princesse et l'attendaient. Il fut reçu avec beaucoup de gentillesse. — Voulez-vous nous raconter une histoire ? demanda la reine, une histoire d'un esprit profond et instructif. — Mais qui fait quand même rire, dit le roi. — Je veux bien, dit-il. Et il se mit à raconter. Il y avait une fois un paquet d'allumettes, très fières de leur origine. Leur ancêtre, un grand sapin, dont elles étaient toutes nées, avait été un grand vieil arbre dans la forêt. Les allumettes se trouvaient maintenant sur une tablette entre un briquet et une vieille marmite de fer, et elles parlaient de leur jeunesse. — Quand nous étions parmi les rameaux verts, soupiraient-elles, on peut dire que c'était la belle vie. C'était matin et soir thé de diamants — la rosée — toute la journée le soleil quand il brillait — et les oiseaux pour nous raconter des histoires. Et nous nous sentions riches ! Les arbres à feuillage n'étaient vêtus que l'été. Nous, nous avions les moyens d'être habillées de vert été comme hiver. Mais les bûcherons sont venus et ça a été la grande révolution : notre famille fut dispersée. Notre père, le tronc, fut placé comme grand mât sur un splendide navire qui pouvait faire le tour du monde s'il le voulait ; les autres branches furent utilisées ailleurs, et notre sort, à nous, est maintenant d'allumer les lumières pour les gens du commun. C'est pourquoi nous, gens de qualité, avons échoué à la cuisine. — Mon histoire est toute différente, dit la marmite. Depuis que je suis venue au monde, on m'a récurée et fait bouillir tant de fois ! Je pourvois au substantiel et suis réellement la personne la plus importante de la maison. Ma seule joie c'est de m'étendre, après les repas, propre et récurée sur une planche et de tenir la conversation avec les camarades. Cependant, à l'exception du seau d'eau qui descend de temps en temps dans la cour, nous vivons très renfermés. Notre seul agent d'information est le panier à provisions, mais il parle avec tant d'agitation du gouvernement et du peuple ! Oui, l'autre jour, un vieux pot, effrayé de l'entendre, est tombé et s'est cassé en mille morceaux — il a des idées terriblement avancées, vous savez ! — Tu parles trop, dit le briquet. Son acier frappa la pierre à fusil qui lança des étincelles. Tâchons plutôt de passer une soirée un peu gaie. — Oui, dirent les allumettes. Cherchons qui sont, ici, les gens du plus haut rang. — Non, je n'aime pas à parler de moi, dit le pot de terre, ayons une soirée de simple causerie. Je commencerai. Racontons quelque chose que chacun a vécu, c'est bien facile et si amusant. (à suivre...)