Le soir même de l'exécution, comme à l'accoutumée, l'homme chargé de fermer les portes de la ville, le bewâb, crie : «La porte ! La porte !» ce qui signifie qu'il ne va pas tarder à fermer la porte et que les retardataires qui se trouvent à l'extérieur des murs, doivent rentrer. Le portier lance encore son appel, pour la dernière fois : «La porte ! la porte !» Il jette quand même un coup d'œil à l'extérieur et il remarque qu'il n'y a personne dehors. Satisfait, il s'apprête à pousser les battants de la porte. C'est alors qu'une voix lugubre lui répond : «Tu peux fermer la porte et aller dormir, portier, il ne reste plus dehors que Lhalwi, la victime innocente !» Le portier, croyant à une plaisanterie, regarde du côté d'où vient la voix, mais il n'aperçoit personne. Peut-être qu'il y a encore quelqu'un dehors et qu'il veut entrer. Il garde donc la porte ouverte un long moment mais personne ne rentre. Et pourtant, il est sûr d'avoir entendu une voix… à moins qu'il n'ait imaginé tout cela. Il rentre chez lui. Il va penser un moment à cette voix, puis il se dit que c'est le fruit de son imagination. Il ne va, bien sûr, en parler à personne, sinon on se moquerait de lui. Il s'endort et le lendemain, il a tout oublié. M. A. Haddadou