Résumé de la 2e partie n Lors de la course, Ussel, sur son Iris XVI, dépasse le sous-maître. Ce que ce dernier n'apprécie pas... Quand il franchit la ligne d'arrivée, il refoule son sentiment de vexation pour laisser le cavalier prendre le dessus ! — Nous allons en reparler bientôt… «Bientôt» se situe une semaine plus tard. Branle-bas dans les fiers bâtiments de l'Ecole : les élèves font résonner les beaux et nobles escaliers sous le fracas de leurs éperons et de leurs sabres qui traînent au sol avec nonchalance. Tout ce beau monde déménage pour un mois. Direction : le camp de Sissonne. On se rapproche de la frontière belge. Les Saint-Cyriens sont censés retrouver au quartier de cavalerie leurs «bourrins» qui ont été sellés et harnachés par les fidèles spahis marocains. Ensuite, on voyagera par train jusqu'au fin fond de l'Aisne. François d'Ussel est donc étonné de ne pas retrouver Iris XVI : — Où est passé mon cheval ? Le bidasse marocain à qui l'on pose cette intéressante question ne connaît pas, malgré toute sa bonne volonté, pas les raisons de cette disparition. Tout ce qu'il peut dire c'est : — Mon lieutenant, voici le cheval qui vous est affecté... Mais sur ordre de qui ? — C'est le capitaine qui a pris votre cheval. Il a donné l'ordre que vous ayez celui-ci à la place. Décidément Philippe Marie de Hauteclocque aurait-il une dent contre François d'Ussel ? Ou bien une «idylle équestre» serait-elle en train de naître entre lui et Iris XVI ? D'ailleurs, le voici justement le fringant Philippe. Sur le dos d'Iris XVI. Cavalier et monture semblent bien s'entendre. Eh bien non ! Patatras ! Iris XVI vient de faire un écart : ça arrive aux meilleures montures ! Et M. de Hauteclocque se retrouve étalé sur les pavés ronds mais durs du porche qui mène à la rue. Agacé du regard ricanant de ses pairs, M. de Hauteclocque veut faire bonne figure et se relève pour remonter en selle. Mais une grimace de douleur s'inscrit sur son visage qui blêmit. On se précipite pour l'aider mais les cavaliers n'ont pas besoin de l'avis d'un médecin pour comprendre : Philippe Marie s'est brisé le tibia. Ça a l'air sérieux, on dirait même que le tibia est cassé en deux endroits. On emporte l'officier jusqu'à l'infirmerie. Pour lui, il n'y aura pas d'entraînement au camp de Sissonne. Pour Iris XVI non plus. Quel étrange animal que cet alezan un peu rouanné ! Un an plus tard, Iris XVI est toujours dans les écuries de Saint-Cyr. Un nouveau cavalier expert le monte avec brio et lui fait faire des tours de manège. Les spécialistes qui jugent les chevaux d'un seul petit coup d'œil sont définitivement persuadés qu'Iris XVI ne fera jamais un cheval correspondant aux critères de Saint-Cyr, on dit que son galop est loin de correspondre aux règles classiques. Et puis, indépendamment du fait un peu «mal foutu», ce cheval a des accès d'humeur. De temps en temps, sans qu'on puisse le prévoir, le voilà qui décroche une bonne ruade sur ce qui ne lui convient pas dans le paysage du manège où les saint-cyriens se meurtrissent les fesses en d'interminables séances de «tape-cul»… Pourtant, bien qu'un peu «original», Iris XVI n'est pas relégué à un anonymat dégradant car ce cheval au drôle de galop et fichtrement efficace dès qu'il est question de filer à toute vitesse : — Alors ? Qui a remporté la dernière course à Maison-Laffitte ? — Devinez, mon cher ! Ce diable d'Iris XVI, une fois de plus ! — Inouï ! Bien que j'aie la prétention de m'y connaître en chevaux j'avoue que je n'irais pas donné cent sous d'un tel animal. A se demander de quel étrange mélange il descend ! A suivre Pierre Bellemare