Résumé de la 2e partie n Hauteclocque veut monter Iris XVI qui le jette parterre. il n'y aura pas d'entraînement au camp de Sissonne. Pour Iris XVI non plus… Enfin, le résultat est là. Bien sûr, le capitaine de La Horie sait le mener. — Ah ! c'est de La Horie qui en a hérité ? — Hauteclocque ne l'abandonne pas. Depuis son accident, il est un peu diminué : il marche avec une canne. Mais dès qu'il monte Iris XVI, c'est une autre affaire. Ils font un fameux couple, ces deux-là. Mais l'heureuse époque de la paix se trouve brutalement interrompue par les événements de 1939. Adolf Hitler, qu'on a un peu trop traité par le mépris, montre ce qu'il est capable de faire envers et contre tout. Le 1er septembre 1939, il envoie un million et demi d'hommes envahir la Pologne, laquelle résiste avec des cavaliers armés de lances... Certains Polonais pris en tenailles entre Allemands et Soviétiques viennent se réfugier à Angers. La France mobilise hommes et chevaux. Mais Iris XVI, malgré ses capacités de vitesse, n'est pas retenu pour défendre la patrie. C'est la «drôle de guerre», puis la guerre tout court. Saint-Cyr se vide. D'ailleurs, les Allemands sont déjà là. Les voici qui occupent le quartier de cavalerie de la vieille École. Quelle revanche sur les humiliations subies lors du traité de Versailles ! Les officiers allemands ont du mal à masquer leur jubilation. Parmi ces officiers, un cavalier émérite. Au temps de la paix, il venait disputer des courses internationales contre l'élite des militaires français. Pour l'instant il a une idée derrière la tête : Messieurs, je suis venu courir contre les meilleurs de vos cavaliers et, comme vous dites, je n'ai toujours pas digéré une défaite qui m'a été infligée par le capitaine de Hauteclocque qui montait un animal bizarre. Je n'ai jamais oublié ni le cavalier ni le cheval. Mais on me dit que ce cheval, Iris XVI, est toujours dans vos murs. Je voudrais le voir... Malgré ce conditionnel de courtoisie on comprend qu'il n'y a pas à résister. D'ailleurs pourquoi ? Qu'un officier et cavalier émérite exprime le désir d'examiner à loisir le cheval étrange qui l'a battu, il y a quelques mois, quoi de plus naturel ! Une sorte d'hommage, en somme. Il réclame un responsable mais tout ce que le quartier peut lui présenter n'est qu'un vieux garde-manège qui a depuis longtemps dépassé l'âge de la mobilisation et qui arrive en se demandant ce qu'on lui veut. L'officier dit presque sans accent : — Allez me chercher Iris XVI ! — Mais, mon capitaine... Il hésite un peu : — Je veux dire, mon commandant. Je ne sais pas comment il faut faire avec ces animaux-là. Je ne suis pas cavalier. Si vous pouviez envoyer un de vos hommes, je vous indiquerai où se trouve son box. L'officier hésite aussi. L'homme est-il de bonne foi ? Est-il aussi incapable qu'il le dit d'amener Iris XVI jusque devant lui ? Après tout, à quoi bon discuter. L'officier lance un ordre sans réplique en allemand. Un simple soldat accourt et claque des talons. L'officier lui ordonne : Suis cet homme et ramène le cheval qu'il va te désigner. Nouveau claquement de bottes. Le garde-manège français fait une grimace discrète qui signifie : «Je ne vais pas commencer à servir de larbin aux boches.» A suivre Pierre Bellemare