Résumé de la 3e partie n Pourquoi un officier et cavalier émérite exprime le désir d'examiner à loisir le cheval étrange qui l'a battu. Ce cheval n'est autre que Iris XVI… L'officier hésite aussi. L'homme est-il de bonne foi ? Est-il aussi incapable qu'il le dit d'amener Iris XVI jusque devant lui ? Après tout, à quoi bon discuter. L'officier lance un ordre sans réplique en allemand. Un simple soldat accourt et claque des talons. L'officier lui ordonne : «Suis cet homme et ramène le cheval qu'il va te désigner.» Nouveau claquement de bottes. Le garde-manège français fait une grimace discrète qui signifie : «Je ne vais pas commencer à servir de larbin aux boches.» L'Allemand blond, un gars qui n'a pas l'air d'avoir inventé la saucisse de Francfort, le suit sans commentaire. Le Français lui tend un bridon : c'est bien suffisant pour faire sortir Iris XVI du box et l'amener devant l'officier allemand qu'il a vaincu il y a peu. Dans l'écurie, l'Allemand se glisse auprès d'Iris XVI qui n'apprécie guère les têtes inconnues. Et cet uniforme vert-de-gris ne fait pas partie de son paysage habituel. Et puis le «fridolin» a peut-être une tête qui ne lui revient pas. Soudain, le garde-manège qui s'éloignait entend un hennissement de mauvais augure. Et le bruit d'une ruade fracassante. Instinctivement, il se retourne pour voir ce qui se passe. Au début, il ne voit rien d'anormal sauf qu'Iris XVI a sa tête des mauvais jours. Et l'Allemand ? Où est-il passé ? — Eh, mon gars ! Où qu't'es ? Ça a beau être un envahisseur, où a-t-il bien pu se fourrer ? — Ah ! ben dis donc, les chleuhs n'ont pas l'air de te plaire, mon vieil Iris. Tu lui en as foutu plein la gueule ! Iris XVI s'ébroue et s'agite nerveusement entre les cloisons de bois. L'Allemand, quant à lui, est étendu dans la paille du box. Il doit avoir son compte car il ne bouge pas d'un fil. Il ne risque pas de bouger car son visage n'est plus qu'une bouillie sanglante. Iris XVI lui a décoché un coup de sabot en plein visage. Pauvre bougre, il ne méritait pas ça. Il faut appeler les infirmiers allemands, on ne peut pas le laisser comme ça. Quel coup ! Les infirmiers, accourus, ne peuvent que constater le décès de leur camarade. Le «Rittmeister» blêmit quand on lui apprend qu'Iris XVI vient de tuer son ordonnance. Si même les chevaux se mêlent de résister aux soldats du Führer, ça commence mal. Il faut faire un exemple : — Qu'on mette ce cheval le long du mur. Formez un peloton d'exécution et fusillez-le-moi ! On s'agite, les bottes allemandes frappent le pavé, les culasses des fusils 4 claquent sinistrement. Un commandement :«Feuer !» Une rafale. Et c'est ainsi qu'Iris XVI, cheval fantastique et résistant, est mort pour la France. Philippe Marie de Hauteclocque, qu'on connaîtra bientôt sous le nom de Leclerc, futur maréchal de France à titre posthume, échappe aux Allemands et se rallie au général de Gaulle. Longtemps, il se promènera de Koufra à Berchtesgaden en claudiquant et en s'appuyant sur une canne, souvenir de son tibia cassé par Iris XVI, un cheval au caractère de cochon. Pierre Bellemare