Résumé de la 2e partie n Conchita, la compagne de Vicente, ne semble pas plaire à Léon, le molosse, qui lui montre une grande agressivité. Serait-il jaloux d'elle ? Conchita, comme d'habitude, est absolument enthousiaste. Surcroît de travail, de responsabilité, peu importe : elle est amoureuse, courageuse, heureuse. Mais dès que la troupe des oies est installée à l'hacienda les jolies créatures blanches révèlent la force de leur caractère. Elles n'ont pas leur pareil pour prévenir les habitants du «Surtidor» de l'arrivée d'étrangers, bien avant que ceux-ci aient fait leur apparition au bout de la vallée. Le chef des oies, nommé Kikiri, est un jars, cela va de soi, fort, autoritaire et très bien de sa personne. Il ne lui manque qu'une moustache pour avoir l'air d'un vrai macho. Malheureusement, lui non plus ne semble pas apprécier la présence de Conchita. Dès qu'elle relâche son attention, il arrive silencieusement derrière elle, le cou allongé et le bec au ras du sol. Conchita fait un bond quand il pince, jusqu'au sang, ses mollets nus. — Sale bête ! Vicente ! C'est incroyable : le jars m'attaque ! Ces animaux me font peur : il faut faire quelque chose ! Mais Vicente sourit : — J'ai du mal à le croire ! Léon m'adore : regarde comme il vient poser sa truffe dans ma main le soir. Et ce pauvre Pacheco : depuis que Pepita s'est électrocutée, il passe tout son temps sur mon épaule. Quant à Kikiri, il surveille le moment où je rentre pour venir quémander quelques grains de maïs. Pourquoi t'en voudraient-ils ? Conchita fait la moue. Elle a des soucis plus importants en tête car elle annonce à Vicente que la famille va bientôt s'agrandir. Vicente esquisse un pas de danse et tire quelques coups de pistolet en l'air. Il ne songe pas à parler mariage. Ce sont des détails qu'on peut envisager plus tard. Léon, Kikiri et Pacheco ne montrent quant à eux aucun respect pour la jeune future maman. Si elle a un instant d'inattention, ils attaquent même en commando, un pincement de mollet, un coup de bec crochu. Léon, lui, prudent, se contente de tirer la robe de la pauvre jeune femme au risque de la faire tomber. Vicente est heureux, Conchita est fatiguée, la grossesse avance, mais les trois «pieds nickelés» ne désarment pas. Si bien qu'un jour Conchita, à bout de nerfs, annonce : — Querido, no puedo mas ! Chéri, je n'en peux plus ! Je vais accoucher dans quelques semaines. J'aurais tant aimé que ton fils, car je suis certaine que nous allons avoir un fils, voie le jour dans ton hacienda. Or, j'ai peur. Et si ton enfant allait porter les stigmates de ma peur... s'il allait avoir une tête de chien ou un bec de perroquet ou de jars ! Il est peut-être trop tard... Je dois partir ! C'est ainsi que Vicente laisse Conchita rentrer chez sa mère pour accoucher. Il soupire... mais après tout, depuis quelques semaines Conchita n'était plus si ardente au lit. Il caresse Léon, gratte le cou de Pacheco, donne quelques grains de maïs à Kikiri : la vie continue. Vicente se sent un peu seul malgré la présence de Felipe qui redouble d'invention pour éviter de trop se fatiguer. Pas de doute, il faut engager du personnel. Vicente se rend donc au village voisin de Corvinaco. Il revient avec un couple d'une quarantaine d'années : c'est le nouvel intendant Jaime et son épouse Mariana. Felipe, qui espérait monter en grade, est un peu dépité par l'arrivée de Jaime. A suivre Pierre Bellemare