Résumé de la 3e partie n Les oies aussi ne semblent pas apprécier la présence de Conchita. Quand elle se plaint à Vicente, ce dernier ne veut pas la croire. Mariana, brune avec un soupçon de moustache, s'attaque sans faiblir aux tâches qui lui incombent. Parmi celles-ci, la gamelle de Léon, la pâtée des oies et de Kikiri, les graines de Pacheco. Et elle ne tarde pas, tout comme Conchita, à remarquer l'agressivité des trois animaux. Pourtant, elle a eu un chien, des oiseaux, des oies. — Je ne comprends pas ce qu'ils me veulent tous les trois. Parfois ils sont alignés, le chien, le jars, le perroquet, et j'ai l'impression qu'ils vont me sauter dessus. Jaime se balance d'un pied sur l'autre, son chapeau à la main, pour excuser le problème posé par son épouse. Vicente, bon prince, fait remarquer que Conchita était elle aussi en butte au trio infernal. Quelques semaines passent, jusqu'au jour où Jaime, sa paye en poche, annonce son regret de ne pouvoir rester plus longtemps : — Vous comprenez, patron, si ça continue comme ça, c'est Mariana qui menace de repartir toute seule en ville. Et moi, je l'aime Mariana, je n'ai qu'elle... C'est bizarre quand même que vos animaux ne lui laissent pas un moment de répit. Jaime et Mariana s'en vont. Vicente repart au village et revient avec un nouveau couple. Le même scénario se renouvelle : au bout de quelques semaines, intendant et épouse plient bagages. Un troisième intendant et son épouse tiennent bon durant quelques mois. Puis, excédés des pincements et des crocs en avant, ils s'en vont. Un quatrième intendant fait le même parcours aller et retour. Vicente s'énerve un peu : il ne sait pas trop s'il s'énerve contre les épouses trop sensibles des intendants ou contre les trois «pieds nickelés». Un cinquième intendant entre à l'hacienda du Surtidor. Mais très vite, il décide de réexpédier son épouse en ville. Décidément, l'hacienda du Surtidor devient pour toute la région l'hacienda sans femmes. Vicente commence à regarder Léon, Kikiri et Pacheco avec plus d'attention : comment ces trois charmantes bêtes qui lui font, chacune à sa manière, de si constantes démonstrations d'affection peuvent-elles se montrer si odieuses avec les femmes ? Sont-elles des réincarnations de femmes qu'il aurait fait souffrir dans d'autres vies, désormais attachées à lui faire mener une vie de célibataire ? Serait-ce une allergie, une question d'odeur personnelle de couleur d'yeux ou de voix ou de vêtements ? Aucune théorie ne résiste au moindre examen. A bout d'idées, Vicente va jusqu'à solliciter l'aide du curé du village. Léon, Kikiri et Pacheco, dûment toilettés et maintenus en laisse, sont traînés jusqu'à l'église un dimanche matin. Le curé, après les prières d'usage en cas de possession diabolique, après un cantique chanté d'une voix rocailleuse, se met en devoir d'asperger les trois «pieds nickelés» avec l'eau bénite la plus pure et la plus récente. Les trois animaux semblent indifférents à cette sainte aspersion. Tous trois tournent des regards énamourés vers la moustache de Vicente. On s'attendait un peu à les voir se tordre de douleur et de repentir. L'eau bénite ne leur fait pas plus d'effet qu'une petite pluie de printemps. Tout le monde rentre à la ferme, ravi de la balade. Conchita a accouché loin de l'hacienda d'un superbe garçon, mais Vicente ne se sent pas d'humeur à régulariser la situation. Il sera temps de voir ça un peu plus tard. A suivre Pierre Bellemare