La société préfère ignorer complètement les enfants abandonnés sans père, ni mère. «Il n'ont pas de place dans la société», indique Mme Merah. «Ils ne sont pas prévus dans le système», ajoute-t-elle. Pis encore, on leur attribue le péché commis par les parents. «On leur colle une hérédité comportementale. On craint que la fille reproduise l'acte de sa mère et que le garçon devienne un «voyou» comme son père», explique Mme Merah. Elle mettra en relief, notamment, l'intégration de la fille dans le futur. Pour elle, l'intégration sociale pose un réel problème pour ces filles. La raison évoquée est que «le statut des femmes n'est pas reconnu. Une femme seule perturbe l'ordre social établi. Reconnaître ses capacités à former des enfants dits normaux lui est dénié». Les enfants sont «jugés par rapport à leur mère», insiste notre sociologue qui relèvera un peu plus loin qu'«un enfant abandonné est stigmatisé même s'il a réussi dans sa vie. Il continuera d'être jugé par rapport à ce qui a causé sa conception et une mère qui a commis l'impardonnable». Pour appuyer ces propos, elle a tenu à rappeler le drame de ces orphelins qui, arrivés à 18 ans, sont jetés à la rue avant de finir sur quelques interrogations. «Pourquoi l'Etat lui-même les rejette à 18 ans. Où les jette-t-on ? Dans un monde qu'ils ne connaissent pas, ils ne connaissent personne, quel sera leur sort ?» En somme, «le statut des orphelins n'est que la conséquence du statut des femmes dans la société», conclut Mme Merah. A. B.