Réflexion n La structure de base de la société est la cellule familiale. Les orphelins ne sont pas reconnus dans ce système. Ils n'ont par, conséquent, «pas de place telle que déterminée par le patriarcat», explique notre sociologue Mme Nacera Merah qui distingue entre l'orphelin de mère et de celui de père. «Si la mère manque, ils souffrent du manque d'affection et des misères qui leur sont infligées par l'entourage et, parfois, du père lui-même, qui ignore ses enfants après la disparition de la mère», souligne-t-elle. Dans le système patriarcal qui régit la société, c'est souvent la mère qui est censée assurer le bien-être aux enfants. C'est pourquoi, dit-elle, «cette catégorie d'orphelins inspire la pitié de la part de la société». Cependant, pour ce qui est de la deuxième catégorie dont le père est mort, elle dira : «ceux-là sont souvent pris en charge par la société en l'occurrence, une pension du père, la famille ou l'entourage… Quelle que soit la situation, ces orphelins inspirent la compassion et la compréhension car ils subissent le destin qui leur a ravi le père.» L'autre catégorie concerne ceux dont la mère est divorcée. «A de rares exceptions près, ils sont rejetés avant le divorce car ils sont un enjeu et un objet de chantage dans le divorce. Ils deviennent un poids pour le père qui considère son devoir de prise en charge comme une injustice car il pense qu'il est escroqué par «leur mère», explique cette doctorante sur les luttes politiques des femmes en Algérie. «Ils sont un problème pour la mère qui ne sait pas où aller avec ses enfants», poursuit-elle avant de s'étaler sur le regard que porte la société sur ces enfants. Socialement, selon elle, «les enfants de divorcées sont un danger pour la société car «inconsciemment» rejetés, ils sont considérés comme des délinquants potentiels. Pour preuve, dans les statistiques de délinquance, on cite toujours les 30% des enfants de divorcées. Ils sont cités comme des enfants issus de familles instables, même s'ils ne constituent que 30% seulement, du total des enfants concernés. On omet en revanche de préciser que 70% sont issus de familles «stables». «Ces enfants-là, subissent la perte du statut de la mère socialement défini», rappelle Mme Merah qui relève dans ce cadre que «la femme divorcée n'a plus de place dans la société patriarcale, elle devient responsable des problèmes de la société. Elle met en danger la respectabilité du groupe social. Ses enfants ne peuvent donc que constituer un danger et la délinquance leur est attribuée». A. B.