Le commerce est devenu, ces dernières années, un créneau très attractif dans notre pays. Il faut dire qu'il est très porteur et ne nécessite pas d'importants investissements ou des qualifications particulières. En effet, on n'a pas besoin d'être bardé de diplômes ou de milliards pour ouvrir un commerce. Un petit fonds peut largement faire l'affaire. De plus, le retour d'investissement est immédiat. Et les bénéfices sont le plus souvent appréciables, pour ne pas dire considérables. A tout cela, il faut ajouter l'appui des pouvoirs publics aux investisseurs à travers une série de mesures fiscales et d'aides contenues dans les différents dispositifs d'emploi mis en place ces dernières années, à l'instar de ceux de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej), de l'Agence nationale de gestion du microcrédit (Angem) et de la Caisse nationale d'assurance chômage (Cnac). Tout ceci a fait que le créneau a été «pris d'assaut» par la population, dont notamment les jeunes. Mais si l'engouement des «sans qualification» est compréhensible, celui des diplômés en général et des universitaires en particulier est pour le moins «intriguant». «Ce n'est pas logique d'étudier des années durant pour se retrouver, en fin de compte, avec le statut de commerçant», vous dira le commun des citoyens. A dire vrai, c'est le chômage qui a particulièrement touché les universitaires au cours des deux dernières décennies, qui a poussé nombre d'entre eux à investir dans le commerce. Et comme la réussite a été au rendez-vous pour eux, cela a incité beaucoup d'autres à tenter l'expérience. Pour leur part, des femmes et des jeunes filles, pas forcément diplômées, se sont lancées dans ce créneau malgré les tabous, les préjugés et autres idées reçues. Aujourd'hui, le commerce ne se conjugue plus au masculin. Les femmes d'affaires se comptent par milliers. Le phénomène est perceptible notamment au niveau des grandes villes. Mais même au niveau des localités éloignées, les femmes commencent à bousculer les mœurs en investissant dans le commerce. Samir : de la psychologie aux…matériaux de construction ! Portrait n Commerçant avec un diplôme universitaire en poche ? «Où est le problème ? Cela ne me paraît pas du tout anormal», affirme Samir. A bientôt 35 ans, ce licencié en sciences de l'éducation de l'Université d'Alger ne semble nullement regretter d'avoir opté pour le commerce : «Si c'était à refaire, je le referais.» Gérant d'un point de vente de matériaux de construction, Samir dit gagner très bien sa vie : «Je n'ai pas à me plaindre de ce côté-là, Dieu merci. Je ne roule pas sur l'or, mais je m'en sors très bien.» «Je sais une chose : si j'avais choisi d'exercer mon métier, je n'aurais jamais gagné ce que je gagne actuellement», poursuit-il. Mais combien gagne-t-il ? Samir élude la question en rappelant qu'il y a une grande différence «entre un salarié et quelqu'un qui travaille pour son compte». Après avoir décroché sa licence, notre interlocuteur a voulu pourtant exercer le métier pour lequel il a été formé. «Je reconnais avoir cherché à travailler comme psychologue. C'était juste après avoir obtenu ma licence à la fin des années 1990. A l'époque, je ne me voyais pas faire carrière dans le commerce. C'était dégradant pour moi, c'est du moins ainsi que je voyais les choses. Même mes parents n'arrêtaient pas de me faire des pressions pour que je décroche un job dans ma spécialité. J'ai fait des pieds et des mains pour en trouver, mais sans résultat. Il faut dire qu'à l'époque, il était très difficile d'accéder à un poste de travail tant le chômage touchait toutes les catégories sociales», explique-t-il. De guerre lasse, Samir finit par accepter de donner un coup de main à son père qui gérait un petit commerce de matériaux de construction. «Au début, c'était très difficile pour moi, j'éprouvais toutes les peines du monde à exercer ce métier. Il m'arrivait souvent d'ailleurs de déserter le point de vente et laisser seul mon père face à la clientèle», raconte-t-il. Et d'ajouter : «Avec le temps, je me suis adapté à cette situation et je commençais même à aimer le métier.» A présent, Samir dit «adorer le commerce». Comment et pourquoi ? «C'est un métier très attrayant, il ne vous laisse pas le temps de vous ennuyer. Vous êtes confrontés en permanence à de nouvelles situations, vous êtes appelés à chaque fois à manœuvrer pour faire des bénéfices. Je crois que j'ai fait le meilleur choix en devenant commerçant», répond-il. Et de révéler qu'il est l'un des rares licenciés de son quartier à avoir réussi à se faire une situation : «La plupart ont voulu exercer dans leur spécialité. Pour cette raison, ils sont restés au chômage pendant des années et quand ils ont trouvé un travail, il leur était impossible de rattraper le temps perdu avec un seul salaire.»